L’Afrique subsaharienne présente l’un des taux de violence domestique les plus élevés au monde. Au Kenya, plus de 47% des femmes sont victimes de violences physiques et sexuelles. Ce taux est supérieur à la moyenne mondiale. 25% des femmes dans le monde sont victimes de violence avec leur partenaire intime au moins une fois dans leur vie. Au Kenya, cependant, la violence domestique à l’égard des femmes augmente à un rythme alarmant.
Une situation alarmante
En 2016, Jackeline Mwende était la malheureuse figure de proue de la violence domestique au Kenya après que son mari lui ait coupé les mains en guise de punition pour son incapacité à avoir des enfants. Au début de 2019, Beryl Ouma a été étranglée à mort par son mari. Ses appels à l’aide sont restés sans réponse pendant plus de quatre heures. Les deux femmes ne sont qu’un aperçu du nombre incalculable de femmes dont la vie a été pourrie ou qui s’est achevée avec les mains de leurs partenaires. L’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime a noté que 69% de toutes les victimes de violences domestiques en Afrique étaient assassinées par un partenaire intime ou un membre de leur famille. Selon ce rapport, seuls 18% sont des hommes sont touchés contre 82% pour les femmes. Selon le rapport, « même si les hommes sont les principales victimes des homicide dans le monde, les femmes continuent à supporter le fardeau le plus lourd des attaques mortelles résultant des stéréotypes de genre et de l’inégalité ».
Aux origines des comportements violents
Les hommes ayant une faible estime d’eux-mêmes sont plus susceptibles d’interpréter les actions et comportements des femmes comme menaçant leur masculinité, même si ce n’est pas du tout le cas. Cette perception les fait réagir de manière violente et les pousse à des actions de représailles. D’autres facteurs, tels que l’insécurité financière et une enfance sans amour, amènent également les hommes à agir avec violence envers les femmes. Bien que le gouvernement ait mis en place des politiques visant à protéger les femmes de la violence, notamment la loi sur la protection contre la violence domestique, la loi sur les infractions sexuelles et la loi sur le mariage, le système est biaisé et les femmes obtiennent rarement la justice qu’elles méritent. Les femmes ont peur de raconter leurs expériences parce qu’elles sont encore plus perçues comme étant coupables et souvent renvoyées chez elles que justice ne leur soit rendue. Les officiers de justice ne sont pas bien formés pour faire preuve de sensibilité lorsqu’ils abordent des problèmes liés aux violences sexuelles et domestiques. En conséquence, les victimes ne sont pas disposées à déposer.
La violence a de longues répercussions sur la vie des victimes mentalement, physiquement et émotionnellement. La violence envers les femmes, en particulier, trouve ses origines dans une tradition profondément enracinée de patriarcat et de misogynie. La dynamique du pouvoir est défavorable aux femmes qui ne peuvent pas réaliser leur plein potentiel et s’affirmer en communauté.
Les systèmes patriarcaux et les croyances misogynes sont la raison principale de la montée de la violence à l’égard des femmes dans le pays. Dans une société patriarcale comme le Kenya, les femmes sont considérées comme inférieures. Elles sont vues comme des objets appartenant aux hommes et souffrent donc de la haine des mêmes hommes qui en tirent du plaisir et en disposent sans aucun égard pour leurs droits et leurs libertés. La violence domestique est le fruit de l’inégalité créée par le patriarcat.
La culture kenyane considère que battre des femmes est une chose normale, comme le prouvent des déclarations comme «Mwanamke ni kuvumilia» (les femmes devraient être tolérantes). C’est le cas de Peninah Wangechi qui a pardonné et retiré les accusations portées contre son mari, qui l’a poignardée 17 fois. Le faux sentiment de supériorité conféré aux hommes par
les structures patriarcales a engendré une société dans laquelle les femmes ne peuvent et ne doivent pas dire «non» aux avances et aux propositions des hommes, de crainte de devenir la prochaine victime de violence domestique.
Les cas de violence domestique au Kenya peuvent être éliminés en apprenant aux hommes à faire preuve de compassion envers leurs partenaires. Ceux d’entre eux souffrant de problèmes de santé mentale devraient être aidés. Un système juridique efficace est tout aussi important pour garantir les droits des femmes et leur rendre justice en donnant l’exemple avec de sanctions dissuasives. Les femmes kényanes méritent une vie plus digne.
Morilyn Muthoni est la fondatrice de Ladies of Liberty Alliance, Tanzanie. Article initialement publié en anglais par African Liberty – Traduction réalisée par Libre Afrique.
Article publié en collaboration avec Libre Afrique