L’ex-chef des Jeunes patriotes ivoiriens, Charles Blé Goudé a annoncé lundi avoir appris sa condamnation à vingt ans de prison par la justice ivoirienne lors d’une audience à Abidjan le même jour. Il se trouve actuellement à La Haye où il est en liberté conditionnelle après son acquittement par la Cour pénale internationale (CPI).
Un verdict prononcé sans son avocat
En plus des années de prison, la justice ivoirienne l’a condamné par contumace à « 10 ans de privation de ses droits civiques, 200 millions de francs CFA » (300.000 euros) de dommages et intérêts à verser aux victimes. Le tribunal a en outre délivré un mandat d’arrêt contre lui, a précisé Charles Blé Goudé. Celui-ci s’est par ailleurs dit « surpris par ce verdict », prononcé sans la présence d’un avocat.
La justice ivoirienne l’accusait d’« actes de torture, homicides volontaires et viol », avaient indiqué ses avocats le 18 décembre, jour où son procès devait s’ouvrir. L’un de ses avocats, Me Suy Bi Gohoré, avait alors affirmé que le président du tribunal criminel d’Abidjan avait « retiré l’affaire » dans l’attente de l’examen d’un pourvoi en cassation formulé par lui, fondé sur l’absence de l’accusé et sur d’autres vices de forme dans la procédure.
Les ambitions présidentielles de l’ancien « général de la rue »
Charles Blé Goudé avait été transféré par les autorités ivoiriennes à la CPI en 2014. Avec son ancien mentor, l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, il a été jugé pour crimes contre l’humanité. Tous deux ont été acquittés début 2019 et placés en liberté conditionnelle dans l’attente de l’examen de l’appel formulé par la procureure de la CPI. Charles Blé Goudé ne peut pas rentrer en Côte d’Ivoire tant que la procédure n’est pas terminée.
L’ancien « général de la rue », ainsi surnommé pour sa capacité à mobiliser les partisans de Laurent Gbagbo, a annoncé en juin avoir des ambitions présidentielles à long terme, après la prochaine élection d’octobre 2020. Le mouvement des Jeunes patriotes a souvent été qualifié de milice par les détracteurs de Charles Blé Goudé et par des ONG internationales. Ces dernières considèrent qu’il a été l’un des principaux acteurs de la montée de la tension en Côte d’Ivoire dans la décennie 2000, qui a culminé en 2010-2011 avec les violences post-électorales ayant fait plus de 3.000 morts.
Un climat politique particulièrement tendu
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