Les Togolais appelés aux urnes pour élire leur nouveau président

Quelque 3,6 millions d’électeurs togolais sont appelés aux urnes pour élire leur nouveau président, samedi. Le chef d’État Faure Gnassingbé, le leader historique de l’opposition, Jean-Pierre Fabre et l’ancien Premier ministre Agbéyomé Kodjo font partie des candidats en lice.

Les Togolais élisent samedi 22 février leur président, lors d’un scrutin qui oppose le président Faure Gnassingbé à six autres candidats dont le leader historique de l’opposition Jean-Pierre Fabre, de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) et l’ancien Premier ministre Agbéyomé Kodjo. Nombre de partisans ont annoncé vouloir boycotter un scrutin qu’ils ne jugent ni libre ni transparent.

« Un coup K.O.! »: dans les rues de Lomé ces derniers jours, les supporters du chef de l’État, reconnaissables à leur tee-shirt et casquette bleu ciel, continuaient de scander ce qui est devenu au fil des semaines leur principal slogan.

« Nous, les partisans du grand parti UNIR, nous voulons que notre champion passe dès le premier tour, et c’est fini », expliquait l’un d’eux, Komi Ladjo, à l’AFP.

Quelque 3,6 millions d’électeurs togolais sont appelés aux urnes dans plus de 9 000 bureaux de vote de 7h à 16h. Dix mille policiers et gendarmes seront déployés dans tout le pays pour sécuriser le processus.

Les résultats sont attendus en début de semaine, selon des sources au sein de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), qui a assuré vendredi soir que tout était prêt pour le scrutin.

Faure Gnassingbé, dont la famille est à la tête de ce pays d’Afrique de l’Ouest depuis 53 ans affronte six autres candidats, dont le leader historique de l’opposition Jean-Pierre Fabre, de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) et l’ancien Premier ministre Agbéyomé Kodjo, qui pourrait faire figure d’outsider malgré son profil d’homme du sérail.

Faure Gnassingbé a déjà remporté trois scrutins contestés par l’opposition et la société civile, en 2005, 2010 et 2015.

De la crise politique à l’élection présidentielle 

Le Togo a connu une grave crise politique en 2017 et 2018 avec des manifestations monstres pour demander la démission du président, mais le Parlement a finalement approuvé une modification de la Constitution lui permettant de se représenter en 2020 et en 2025.

La coalition de l’opposition, la C14, à l’origine des manifestations, n’a pas survécu à cet échec et c’est donc en un front divisé que se présentent ses leaders pour le vote.

Dans les rues de Lomé, à Sokodé, dans le centre du pays, ou encore à Dapaong, dans le nord, beaucoup se sont dits « déçus » par l’opposition et ont prévenu qu’ils n’iraient pas voter. Plusieurs partis de l’opposition ont d’ailleurs décidé de boycotter le scrutin, et l’absence d’engouement populaire a dominé toute la campagne.

Les affiches géantes « Faure, croire en notre futur », placardées partout, rappellent combien le rapport de forces est inégal avec ses principaux rivaux, bien moins visibles, comme « Fabre, la force du courage et de la détermination » et « Kodjo, la chance de l’alternance ».

« C’est David contre Goliath »

« Faure a utilisé tout ce qui appartient à l’État. Les bus de l’État. Même la compagnie téléphonique de l’État nous envoie des messages : « Votez Faure ». C’est David contre Goliath », explique Clément, un militant de l’opposition.

Cette semaine, 500 observateurs de la société civile ont perdu leur accréditation, accusés d’ingérence dans le processus électoral, s’ajoutant aux 9 000 observateurs du conseil épiscopal Justice et Paix qui n’ont pas non plus été autorisés à surveiller le vote.

« Cela nous laisse vraiment perplexes et dubitatifs sur l’issue de ce scrutin », a regretté David Dosseh, du Front citoyen Togo debout (FCTD), qui a accusé le pouvoir d’organiser une élection à « huis clos ».

Le président de la Ceni, Tchambakou
Ayassor, a en outre annoncé jeudi « l’annulation du système de sécurisation électronique des résultats de vote » qui devrait se faire via un logiciel baptisé « SINCERE », alimentant doutes et spéculations sur la tenue d’un scrutin libre et transparent.

Quelque 315 observateurs internationaux issus majoritairement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) et de l’Union africaine (UA) seront toutefois présents, même si le président sortant est soutenu par nombre de ses pairs africains.

La France, ex-puissance coloniale, allié traditionnel de la dynastie Gnassingbé et présente au Sahel voisin dans la lutte contre les mouvements jihadistes, est particulièrement sensible à la stabilité du Togo dans cette région volatile.

AFP/France24

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