Kadé Diawara : la voix légendaire de « l’Archange du Manding »

L’encyclopédie musicale guinéenne, la voix limpide pure et inoxydable Hadja Kadé Diawara a consacré sa vie entière à porter haut et fort le répertoire musical guinéen. « L’archange du Manding » comme l’appelle affectueusement Justin Morel Junior, a donné son corps et âme pendant 53 ans pour la défense du riche patrimoine culturel guinéen à travers la musique. Aujourd’hui, âgée de plus de 79 ans, et malgré ses problèmes de santé récurrents, la vieille dame se dit toujours prête pour la valorisation de la culture guinéenne et africaine.

Pour ainsi donner le ton musical à la recherche de solution pour une réconciliation nationale, la Mama Africa Kadé Diawara a sorti un dernier opus le 28 septembre 2011  et c’est le Palais du Peuple qui a abrité la sortie de l’album de 10 titres intitulé « La Guinée Alou Barka » ou « Merci la Guinée » en guise d’au revoir et de remerciement de la vieille mère Kadé.

La maman nationale de la musique guinéenne, Kadé Diawara a choisi par coïncidence la nuit du 2 octobre 2011, date anniversaire de notre indépendance pour fêter le jubilé de celle qui, 53 ans durant au service de la culture, a bercé plusieurs générations et continue à le faire à travers sa voix légendaire, la qualité de ses messages et surtout avec des titres « Bo, Fadakoudou, Djinamoudou, Paya-paya, Nanibaly » et tant d’autres.

Cette sortie d’album concocté par le label Ninibou productions, a été l’occasion une fois encore pour la maman nationale, Kadé Diawara, de dire merci à cette Guinée qui l’a vue naître, 53 ans de carrière, de vie, de service rendu à la culture.  Kadé Diawara ressort le riche répertoire du Manding accompagné d’une mélodie purement traditionnelle. Avec des textes qui n’ont aucune ambiguïté de compréhension, elle s’engage sans nul doute via la musique à contribuer au renforcement de l’unité nationale, à magnifier le travail, à louer les vertus du dialogue social et de la paix. Et surtout, à semer l’amour dans le cœur des hommes et femmes. Un idéal qui selon elle, est gage certain d’une meilleure cohabitation entre les filles et fils de la Guinée.

Pour la petite histoire, née vers 1940 à Sangbarala, situé dans le Hamana profond précisément à Kouroussa, Kadé est issue d’une famille de Djély. Fille de Kerfalla et de Tiguidanké Doukouré, la jeune Kadé va très tôt épousée l’art. Dans sa tendre enfance, le virus de la musique va pénétrer ces veines.

Partout, Kadé va accompagner son frère Fodé, guitariste charmant sous l’œil vigilant de sa tante Naba. Pour la première fois de sa vie, la tante va lui donner l’opportunité de chanter à un mariage. Avec sa voix qui berce le cœur, Kadé va devenir une idole pour les foules et un stimulant pour ses camarades d’âges.

A l’occasion d’une tournée dans le pays profond pour la mise en place d’un ensemble instrumental national en 1958, El hadj Sidikiba Diabaté alors Directeur dudit ensemble et Emmanuel Kati, journaliste vont être séduits par la prestation improvisée du couple. Grâce à son titre fétiche « Malisadjô », le couple sera prié de regagner la capitale Conakry. Cette fois-ci, sous l’invitation du feu président Ahmed Sékou Touré. Voilà le ton donné pour une carrière à dimension nationale. Kadé Diawara a depuis continué à faire la fierté de la musique guinéenne

Une discographie riche en enseignement

La grande Kadé  à ses actifs trois albums qui sont l’expression du riche patrimoine culturel africain de Guinée. Un ensemble de mémoire africain que garde cette femme. Son potentiel artistique, sa voix limpide et suave fait d’elle, la voix d’or africaine, bien sûr après celle du regretté El Hadj Sory Kandia Kouyaté. Pour sa première expérience solo, Kadé Diawara prendra le vol en destination de la Côte d’Ivoire en 1994 pour son premier album.

Avec un arrangement de Sékouba Bambino Diabaté, l’album « AN BÖ » va sortir sous le label de Ninibou productions. Un produit qui sera bien accueilli par le public et les critiques. Il a
fallu atteindre neuf ans jour pour jour pour voir N’na Kadé repartir à Abidjan pour le deuxième opus. L’album « DJINA MOUSSO » va sortir avec cette fois-ci un arrangement de Kerfalla Kanté. Le mixage d’une mélodie et de textes murs, l’album va bénéficier de l’adhésion de plusieurs critiques.

Après, la carrière fut réduite au silence. Pendant onze ans, Kadé a lutté contre vent et marée. Il était difficile de croire que cette femme pouvait revenir sur la scène musicale. Eh ! bien, voilà celle qui, de par la qualité de ses productions, de par la sagesse de ses thèmes, le tout dans une galaxie de sonorité envoûtante et parfois langoureuse, défie l’imagination des hommes et la marche du temps.

Pourrait-on alors parler de retour ou de résurrection après une absence discographique de plus d’une décennie ? En tout cas, pour ceux qui connaissent le début de ce monument de la musique guinéenne, il n’y a l’ombre d’aucun doute qu’elle va encore marquer le temps. Avec ce troisième album, Kadé Diawara va certainement contribuer positivement à instaurer un climat de paix et de fraternité entre les guinéens. C’est un exercice difficile mais pas impossible pour notre maman.

Kadé Diawara est une source de connaissance, un monument pour la culture guinéenne voire africaine. Il est beau de bien faire, mais le faire à temps reste meilleur.

Bravo !

Source: Conakryinfo.com