L’ancien chef de la rébellion ivoirienne et candidat à la présidentielle d’octobre 2020 a été condamné à 20 ans de prison pour « recel de détournement de deniers publics » et « blanchiment de capitaux » par le tribunal correctionnel d’Abidjan au terme d’une audience boycottée par ses avocats.
20 ans de prison ferme et près de 7 millions d’euros d’amendes. Condamnation très lourde de Guillaume Soro qui était jugé en son absence ce mardi à Abidjan. Jugé pour recel de détournement de deniers publics et blanchiment de capitaux dans le cadre de l’achat de sa maison il y a 13 ans, lorsqu’il était Premier ministre. Ses avocats avaient choisi de boycotter l’audience.
En 2007 lorsqu’il est Premier ministre Guillaume Soro achète une luxueuse résidence dans la commune de Marcory. Selon le procureur, cette résidence a été payée 1,5 milliard, avec des fonds publics, via une société civile immobilière, la SCI Ebur, pour le bénéfice de Guillaume Soro. Et la résidence, que l’ancien président de l’Assemblée nationale occupait toujours l’an dernier, ne serait jamais revenue dans le patrimoine de l’Etat. Pour le tribunal, Guillaume Soro est donc coupable de « recel de détournement de deniers publics » et de « blanchiment de capitaux ».
Le tribunal a donc suivi les réquisitions du procureur Richard Adou : 20 ans de prison, 4 milliards et demi de FCFA d’amende, la confiscation de la résidence, la privation des droits et l’émission d’un nouveau mandat d’arrêt.
Un réquisitoire sans contradiction, puisque les avocats de Guillaume Soro ont boycotté l’audience. La défense invoquant la décision de la Cour africaine des droits de l’homme rendue la semaine dernière, qui ordonnait notamment la suspension du mandat d’arret contre Soro, et qui dans son argumentaire estimait nécessaire « d’observer le statu quo ante jusqu’à sa décision sur le fond ». Pour les avocats de Guillaume Soro, toutes les procédures à son encontre auraient du être gelées.
Guillaume Soro est en exil en France et 19 de ses proches sont toujours en prison en Cote d’Ivoire
Guillaume Soro et ses 19 partisans sont toujours dans le collimateur de la justice ivoirienne pour un autre dossier : des accusations de « tentative d’atteinte à l’autorité de l’Etat ».
Si Guillaume Soro est effectivement à l’étranger, ses 19 proches et patrisans, députés, militants ou membres de sa famille, ont été arrêtés depuis la fin décembre, et sont en effet en détention préventive. La semaine dernière, la Cour africaine avait d’ailleurs ordonné également leur remise en liberté.
Pour leurs avocats, ces poursuites sont purement politiques et elles ont démarrées parce que Guillaume Soro, ancien allié d’Alassane Ouattara, a rompu avec lui et a déclaré sa candidature à la prochaine présidentielle programmée pour la fin de cette année. « Je reste candidat à la présidentielle et je gagnerai. C’est une sentence qui ne nous émeut absolument pas. La parodie de procès à laquelle nous avons assisté ce jour est la preuve ultime que l’Etat de droit est définitivement enterré par Alassane Ouattara », a commenté tout à l’heure Guillaume Soro sur sa page Facebook.
RFI