A l’origine, le secteur agricole notamment la culture de la pomme de terre était performant. Les agriculteurs l’ont bien prouvé. Ils ont accompli leur devoir en produisant suffisamment pour nourrir le pays. Timbi Madina est l’un des principaux centres d’impulsion de l’économie guinéenne.
Le vrai problème qui se pose aujourd’hui est la non valorisation de ces cultures, l’absence des usines qui auraient dû être des génératrices d’emploies, un frein au chômage.
Au moment où j’écris ces lignes, 5.000 tonnes de pommes de terre risquent d’être attaquées par la teigne, une autre quantité importante risque de pourrir dans la terre. La semence du mois du février est également menacée parce que les agriculteurs ne disposent pas de liquidités pour pouvoir planter. L’Etat n’a pas appris de la crise ” Ebola” où les producteurs avaient perdu des milliards de nos francs.
Les agriculteurs sont touchés par la crise sanitaire. Ils risquent de perdre l’intégralité de leur récolte si rien n’est fait. Même avec des actions, le prix d’achat de leurs produits sera en baisse. Mais nous pouvons empêcher cette économie de couler, si on ne peut l’empêcher de se noyer.
L’explication principale réside dans la fermeture des frontières et l’isolement de Conakry (un grand marché pour ces agriculteurs) et la déréglementation du marché contribue aussi à cette crise.
Même en France et en Allemagne, les entreprises les plus rentables sont celles qui exportent leur production. Le plus souvent le marché local est moins rentable du fait des coûts de production et du prix non compétitif.
Voici donc mes propositions à court et à long terme pour sauver l’économie de Timbi Madina et par ricochet celle du pays tout entier.
-L’État doit permettre au moins la circulation des biens entre la capitale et l’intérieur du pays comme la côte d’ivoire en a fait. De cette manière, à la place de l’exportation, les produits seront acheminés à la capitale où la demande est plus importante.
-l’autre solution urgente, que je vois est la baisse des prix pour pouvoir écouler le stock au niveau local pour au moins récupérer l’investissement.
-L’État pourrait aussi subventionner les pertes, et/ou racheter une partie de la production.
-les agriculteurs doivent diversifier leur carnet de commande. Se tourner vers des consommateurs locaux.
-Mettre une partie des travailleurs en chômage en attendant de relancer le carnet de commande extérieur.
Dans le long terme :
-Il faudra construire des chambres froides.
-Construire des usines de transformation de la production en semi-fini ou fini, ce qui favorisera de nouvelles ventes et favoriser la conservation.
Notre agriculture a du mal à rester compétitive dans un contexte sous-regional compliqué où les autres pays ont souvent des contraintes moins nombreuses que les nôtres.
Sauver l’économie de Timbi Madina, c’est sauver des vies, et il est plus facile d’aider les gens à vivre que de les aider à ne pas mourir.
Amadou Teliwel Diallo.