Débat/Désignation de Mamadi Trois Kaba à la CENI : Pourquoi le Barreau se baraude autant ?

Depuis la désignation de Mamadi Trois Kaba par le CNOSCG pour siéger à la CENI, le Barreau de Guinée crie au scandale en prétextant que c’est à lui qu’il revenait de droit de désigner le remplaçant de Maître Kébé décédé (Qu’Allah ait son âme). Dans cette polémique qui ne retombe pas, le tout à été couronné hier par un communiqué de récusation de l’opposition extra-parlementaire de l’heureux élu. Qui a donc tort ?

La loi a été respectée

Si les hommes en robe noire brandissent comme argument, l’article 11 de la loi sur la Ceni qui indique  qu’« en cas d’empêchement consécutif au décès, à la démission ou toute autre cause d’empêchement définitif du Président, il est procédé, dans les quinze jours (15) jours, à son remplacement dans les mêmes conditions que celle de sa désignation, pour le reste du mandat de Commissaire », en soutenant que Maître Kébé décédé, qui était issu du Barreau, il lui revient dans les conditions posées à cet article susmentionné de désigner son remplaçant. Ce qui est tout à fait normal, en somme c’est du respect littéral de la loi.

Cependant, les avocats oublient de préciser qu’ils avaient désigné l’ancien président de la CENI au compte du CNOSCG par la bénédiction de celui-ci en tant que structure adhérente à cette faîtière.

Le Barreau a pris ses distances sous la présidence du Bâtonnier Me Traoré

Le Barreau n’est pas une organisation de la société civile en tant telle, il n’est pas répertorié au ministère de l’administration territoriale tutelle des organisations de la société civile, il relève de la chancellerie, la justice. Mais le Barreau ayant adhéré au CNOSCG, c’est fort de cette adhésion qu’il lui a été admis par cette faîtière de désigner des hommes de droit pour siéger à la Ceni.

Or, depuis la présidence de Me Mohamed Traoré à la tête du Barreau, dans le sillage des querelles de chapelles politiques, le Barreau s’est politisé et s’est éloigné du CNOSCG. Et quand la société civile doit alors désigner ses représentants dans les institutions publiques, il ne revient pas à une organisation membre de choisir les représentants mais à la faîtière de désigner. Par voie de conséquence, le Barreau ne peut pas s’éloigner de sa faîtière tout en réclamant le droit de désigner des représentants pour parler au nom de celle-ci, d’où l’adage (On ne peut pas rester coucher et se voir animer le discothèque).

La polémique liée à la désignation de Mamadi Trois Kaba est une interprétation alambiquée et partisane de l’article 11 cité haut.

Le CNOSCG n’est plus la seule structure légitime

Il faut dire que le paysage civil s’est récompensé depuis maintenant une décennie. Si le Conseil national des organisations de la société civile était la seule entité fédérale hier, elle ne l’est plus aujourd’hui ou du moins n’est plus la seule entité. D’autres fédérations se sont formées depuis. La représentation de la société civile au sein des institutions républicaines doit faire l’objet d’une large concertation avec l’ensemble des faîtières, pourquoi pas par une élection à l’image des élections professionnelles chez les organisations syndicales.

Mais ce qui est du cas de Mamadi Trois, le Barreau ne peut s’en prendre qu’à lui-même, il apprendra à ses dépends de ne pas se mêler de politique.

Alexandre Naïny BERETE depuis Nantes