Face aux crises générales, les leaders d’opinion sensibles sont interpellés pour participer à la recherche de solutions et à la proposition de moyens pour les résoudre conséquemment !
Et de toutes les façons, ceux-ci ne devraient, en aucun cas, accepter de rester indifférents par rapport à la façon dont ces crises sont gérées, parce qu’ils ne seront pas épargnés des conséquences néfastes d’une telle gestion !
Aussi, face aux défis collectifs de la vie, les intellectuels soucieux de l’avenir de la nation et porteurs de points de vue pertinents et de suggestions adéquates sont condamnés par leur conscience à contribuer à leur manière et à leur façon à la recherche de solutions idoines à ces défis. Ils ne devraient guère se taire ou hésiter à faire valoir et connaître leurs avis et leur credo, parce qu’ils seront jugés par l’histoire pour avoir renoncé à leur devoir sacré et à leur rôle indispensable.
Leur rôle et leur responsabilité, en pareille circonstance, consistent à guider la population dans toutes ses composantes vers le progrès et le développement, en dénonçant, avec honnêteté et sincérité, les tares et les mauvaises pratiques auxquelles la société est confrontée aux plans politique, économique et social !
Évidemment, le pouvoir public devrait encourager et apprécier à leur juste valeur toutes les belles initiatives et les suggestions concrètes visant à résoudre les crises et à relever les défis.
Aujourd’hui, nul ne peut contester que le Covid-19 est un ennemi commun qui se manifeste à la fois comme une crise générale et un défi collectif !
Sur la base d’une conviction intellectuelle et dans le souci de m’acquitter d’un devoir moral, j’ai décidé de faire une lecture analytique et épistémologique de la recommandation du Conseil scientifique, relative au maintien de la fermeture des établissements scolaires et des lieux de culte. Aussi, ai-je fait suivre ma lecture d’une modeste proposition visant à dénouer la terreur, la panique et l’angoisse causées par cet ennemi ignoble !
Oui, il y a de cela soixante jours, jour pour jour, précisément du 26 mars au 26 mai 2020, le pouvoir public annonça, si justement, la fermeture des établissements scolaires et des lieux de culte sur toute l’étendue du territoire national pour une durée de 14 jours renouvelable !!
Vu la panique généralisée et la terreur provoquées par le Covid-19 à travers le monde, cette mesure et tant d’autres ont été saluées et acceptées par les populations à travers tout le pays. Ce faisant son application n’a pas connu de difficultés majeures, à part les incidents signalés tout récemment dans les localités de Coyah et de Dubréka!
L’objectif recherché à travers ces mesures était de combattre le coronavirus et de prévenir sa propagation à brève échéance.
Deux mois durant, la population guinéenne a pleinement et sans faille adhéré au respect des mesures sanitaires de sécurité édictées par le pouvoir public.
À l’évidence, le lavage des mains, le port de masques, la distanciation sociale, la fréquentation des centres de soins sont observés par la majorité des populations, notamment celles de la zone spéciale de Conakry, considérée comme l’épicentre de la pandémie.
Emboîtant le pas au pouvoir public, et par la même raison, et on dirait la même cause le 22 mai 2020, le Conseil Scientifique a recommandé au pouvoir public le maintien de la fermeture des établissements scolaires et des lieux de culte !
Il aurait également indiqué la possibilité de leur réouverture subordonnée à la mise en place des mesures idoines notamment ci-après :
l’application effective de la distanciation sociale dans les salles de classe et dans l’enceinte des lieux de culte; la prise
systématique de température à l’entrée des établissements scolaires et des lieux de culte; le lavage systématique des mains à l’entrée et à la sortie des établissements scolaires et des lieux de culte; le port obligatoire des masques dans les cours d’écoles et salles de classe ainsi que dans l’enceinte des lieux de culte; le nettoyage et la désinfection systématiques et réguliers des toilettes pour les maintenir propres.
Pour le cas spécifique des lieux de culte, le Conseil scientifique suggérait que leur réouverture commence par les préfectures qui n’auront pas enregistré de cas pendant une période d’au moins 30 jours !
Oui, une lecture analytique et épistémologique de cette orientation du Conseil scientifique nous amène à penser et à affirmer qu’il y a eu apparemment une omission thématique d’un aspect méthodologique important et pertinent, l’aspect lié à la prise en compte de la différenciation obligatoire et même nécessaire entre les réalités des préfectures du pays et la zone spéciale de Conakry, par rapport à l’évolution du virus à travers l’ensemble du territoire guinéen.
Cette différenciation méthodologique devrait entrainer logiquement la révision conséquente du train de mesures élaborées pour contrarier la pandémie, notamment celles qui sont liées à la reprise effective des activités sociales et économiques, à travers le pays, et au fonctionnement effectif de l’administration publique paralysée du fait du confinement indirect de tout le pays et de l’arrêt de services et d’activités sociales et économiques considérables !
La différenciation permettrait d’initier et de proposer de nouvelles stratégies basées sur la mise en place d’un plan stratégique éclaté dans le temps, accompagné d’indicateurs de performances (KPR=key performance indicators) en vue de contrarier la progression inquiétante de la pandémie dans certains endroits !
Il eût été donc souhaitable de prendre en compte cette réalité palpable et tangible afin d’éclater les préfectures et la zone spéciale de Conakry en trois catégories qui sont les suivantes :
- les préfectures « rouges » où le virus continue à faire des victimes;
- les préfectures « jaunes » où un ou deux cas auraient été signalés sauf qu’aucun autre cas de contamination n’a été enregistré depuis plus d’un mois ; et
- les préfectures « vertes » où aucun cas de coronavirus n’a été signalé depuis son apparition sur le territoire national, le 12 mars 2020 à nos jours.
Il serait judicieux de décider du maintien de la fermeture ou de la réouverture intégrale ou progressive des établissements scolaires et des lieux de culte, sur la base de cette catégorisation réaliste et pertinente.
Conséquemment, vu l’adhésion de la population au respect des gestes barrières, à l’instar de ce que nous observons dans la plupart des pays du monde frappés par cette pandémie, il va falloir autoriser la réouverture intégrale des écoles et des lieux de culte dans les préfectures VERTES et JAUNES représentant, de nos jours, environ 85% (soit 29 préfectures selon la cartographie de l’ANSS) du territoire national !
La réouverture progressive des écoles et des lieux de culte devrait être décidée pour les préfectures ROUGES représentant, de nos jours, quatre (4) préfectures et la zone spéciale de Conakry !
L’ANSS devrait évaluer et prendre en compte les différents paramètres pour une réouverture sécurisée.
Évidemment, toute réouverture intégrale ou progressive devrait être accompagnée d’une application stricte des mesures de sécurité citées plus haut !
Naturellement les gestionnaires des établissements scolaires et les conseils des lieux de culte devraient être associés et responsabilisés afin d’assurer une application correcte et
rigoureuse des mesures conformément à la loi avec pour effet de réprimer toute négligence et tout dérapage !!
La réfermeture des établissements scolaires et des lieux de culte devrait être systématiquement appliquée en cas du non-respect par ceux-ci des mesures barrières !
Naturellement, cette proposition est en ligne droite avec la dernière décision du pouvoir public en date du 15 mai 2020, relative au maintien du couvre-feu pour la zone du Grand Conakry (Conakry, Coyah et Dubréka= préfectures rouges) et à la levée entière du même couvre-feu pour l’Intérieur du pays (préfectures jaunes et vertes), à compter de la dite date. C’est dire que les différentes mesures sanitaires sont complémentaires et essentielles.
En attendant que les scientifiques au monde réussissent à découvrir incessamment un Remède pour soigner les patients et un Vaccin pour protéger l’humanité, il va falloir apprendre à VIVRE courageusement avec cet ennemi nuisible, en se protégeant correctement et en appliquant strictement et religieusement les gestes barrières. Certes, c’est le moyen le plus efficace et le plus efficient d’éviter son Attaque Inopinée et Fatale !
Puisse le Seigneur nous sauver et sauver l’humanité de cet ennemi affreux et atroce!!
Professeur Koutoubou Moustapha SANO
PhD in Laws