Mort de Georges Floyd à Minneapolis : Le policier mis en cause a été arrêté

Aux États-Unis, le policier mis en cause dans la mort de George Floyd a été inculpé d’homicide involontaire, a annoncé vendredi le procureur en charge de l’affaire. La Garde nationale a par ailleurs été déployée dans la ville du Minnesota après une troisième nuit d’émeutes faisant suite au décès de l’Afro-Américain de 46 ans lors d’une interpellation musclée.

Quatre jours après la mort de George Floyd aux mains de la police, l’officier mis en cause lors de l’interpellation musclée a été arrêté puis inculpé d’homicide involontaire, a annoncé vendredi 29 mai le procureur en charge de l’affaire.
« Le policier impliqué dans la mort de M. Floyd, qui a été identifié comme Derek Chauvin, a été placé en détention » par la police criminelle, avait déclaré plus tôt le commissaire John Harrington, du département de la Sécurité civile du Minnesota.
Des milliers de personnes réclament justice après la mort de cet Afro-Américain de 46 ans qui semble, selon une vidéo devenue virale, avoir été asphyxié lundi soir par un policier. Filmée et postée sur les réseaux sociaux par un témoin, l’interpellation musclée de George Floyd a suscité des manifestations dans tout le pays.
Les quatre agents impliqués dans le drame ont été licenciés et des enquêtes fédérales et locales ont été ouvertes pour établir leurs responsabilités.
Après une troisième nuit d’émeutes à Minneapolis, la Garde nationale a été déployée pour tenter de ramener le calme. Les soldats ont établi un périmètre de sécurité autour d’un commissariat incendié dans la nuit. Une trentaine de commerces ont également été pillés lors de ces violentes manifestations.
Le président Donald Trump, qui a dénoncé à plusieurs reprises un crime « tragique » et demandé une enquête rapide, s’en est pris cette fois aux « casseurs ». « Les pillages seront immédiatement accueillis par les balles », a-t-il écrit dans un tweet, que le réseau social a décidé de signaler comme une « apologie de la violence ».
L’ancien président des États-Unis Barack Obama a, pour sa part, affirmé partager la « même détresse » que des « millions d’autres » face à une situation qui « ne peut pas être normale ».
« Les gens sont en colère car ce n’est pas la première fois que la police tue dans ce pays », a déclaré pour sa part le révérend Al Sharpton sur la chaîne MSNBC vendredi matin.
« Je vous implore de rester calme et de nous laisser mener notre enquête », a rétorqué la procureure fédérale Erica MacDonald lors d’une conférence de presse.

Une colère qui monte

Dans la nuit de jeudi à vendredi, les manifestations ont tourné à l’émeute aux abords du commissariat où travaillaient les quatre hommes. Confrontées à l’avancée des manifestants, les forces de l’ordre avaient abandonné les lieux vers 22 h. Certains protestataires ont alors réussi à forcer les barrières de sécurité, à briser les vitres et à mettre le feu au bâtiment.
Plusieurs boutiques des alentours ont connu un sort comparable et les violences ont également gagné certains quartiers de la ville voisine de Saint-Louis, avec des heurts sporadiques entre policiers et habitants.
Au petit matin, de la fumée continuait de s’élever en plusieurs points de la ville, où soldats et policiers anti-émeute patrouillaient dans un climat tendu.
Une équipe de journalistes de CNN, qui couvrait la scène, a été arrêtée en direct par des policiers, et relâchée après deux heures. Le gouverneur Tim Walz a présenté « ses plates excuses » à la chaîne d’informations. « Ces gens sont à cran », a simplement commenté le journaliste Omar Jimenez.
La colère commence à gagner d’autres villes américaines. Des manifestants ont bloqué
une autoroute à Denver, d’autres ont défié les ordres de confinement à New York ou Chicago. À Louisville, dans le Kentucky, des affrontements ont eu lieu alors que des habitants demandaient justice pour Breonna Taylor, une femme noire tuée par la police dans son appartement en mars.

Une onde de choc internationale

L’émotion dépasse les frontières américaines. La haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Michelle Bachelet, a dénoncé jeudi la « longue série de meurtres d’Afro-Américains non armés commis par des policiers américains » et appelé les autorités à prendre « des mesures ».
Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a quant à lui estimé que les citoyens de son pays suivaient la situation avec « stupéfaction et horreur ».
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a critiqué dans un tweet nocturne « l’approche raciste et fasciste qui a conduit à la mort de George Floyd ».
Celui-ci a été arrêté par la police parce qu’elle croyait qu’il voulait écouler un faux billet de 20 dollars. Lors de l’intervention, George Floyd a été plaqué au sol par un agent qui a maintenu son genou sur son cou pendant de longues minutes. « Je ne peux plus respirer », l’entend-on dire sur l’enregistrement de la scène.
L’affaire rappelle notamment la mort d’Eric Garner, un homme noir décédé en 2014 à New York après avoir été asphyxié lors de son arrestation par des policiers blancs. Lui aussi avait dit « Je ne peux pas respirer », une phrase devenue un cri de ralliement du mouvement Black Lives Matter (« La vie des Noirs compte »).
AFP