Mort le 7 juin 1940, ce capitaine a donné son nom au prestigieux Prytanée militaire de Saint-Louis, au Sénégal, dont la devise est « Savoir pour mieux servir »
‘est le 15 novembre 1896 que Charles N’Tchoréré naît au Gabon, à l’époque une colonie française de l’Afrique-Équatoriale française (AEF). Son parcours de vie s’achèvera au champ d’honneur le 7 juin 1940 à Airaines du fait d’un acte anti-militaire d’un soldat de la division de panzers de Rommel qui ne supportait pas de voir ce capitaine noir de l’armée française revendiquer un traitement d’officier alors que sa compagnie se rendait faute de munitions. D’ailleurs, tuer Charles N’Tchoréré n’aura pas suffi. Un char allemand lui roulera dessus pour le broyer. Qu’importe, son honneur était sauf et c’est bien là l’essentiel. En ces temps de commémoration du Débarquement de Normandie, prélude à des victoires décisives contre toutes les barbaries dont le racisme actuellement au coeur de l’actualité, il convient de réveiller la mémoire d’un homme qui a fait son devoir et tenu à défendre son honneur de soldat jusqu’au bout .
N’Tchoréré est engagé dès la Grande Guerre
Charles N’Tchoréré se trouve au Cameroun quand la guerre éclate en 1914. Employé dans une entreprise tenue par des Allemands, il retourne dans son pays d’origine, le Gabon, une colonie de l’Afrique-Équatoriale française, pour échapper à d’éventuelles représailles. Les combats font rage et s’éternisent. La France a besoin de bras valides. Elle fait donc appel à ses « indigènes ». Avec l’accord de son père, Charles s’engage en 1916. À la fin de la guerre, il sera élevé au grade de sergent. Il décide par la suite de faire carrière dans l’armée française. Pour sa première mission, il est envoyé au Maroc, où un certain Abdel el-Krim et ses hommes ont pris les armes pour réclamer une République sécessionniste. Nous sommes en 1919.
N’Tchoréré est engagé dès la Grande Guerre
Charles N’Tchoréré se trouve au Cameroun quand la guerre éclate en 1914. Employé dans une entreprise tenue par des Allemands, il retourne dans son pays d’origine, le Gabon, une colonie de l’Afrique-Équatoriale française, pour échapper à d’éventuelles représailles. Les combats font rage et s’éternisent. La France a besoin de bras valides. Elle fait donc appel à ses « indigènes ». Avec l’accord de son père, Charles s’engage en 1916. À la fin de la guerre, il sera élevé au grade de sergent. Il décide par la suite de faire carrière dans l’armée française. Pour sa première mission, il est envoyé au Maroc, où un certain Abdel el-Krim et ses hommes ont pris les armes pour réclamer une République sécessionniste. Nous sommes en 1919.
Il passe par l’École des officiers d’outre-mer de Fréjus
Dès son retour en France, Charles N’Tchoréré intègre l’École des officiers d’outre-mer de Fréjus. Il en sort major en 1922. Puis il part de nouveau en mission. Direction la Syrie. Charles N’Tchoréré n’aura pas de chance cette fois. Il est grièvement blessé à la mâchoire au cours des combats. On lui décerne la croix de guerre avec étoile d’argent pour son courage exemplaire. Remis de sa blessure, il est affecté dans l’administration. Il rédige des articles pour La Revue des troupes coloniales et un rapport sur la promotion sociale des sous-officiers indigènes. Il demande ensuite sa mutation au Soudan, où il prend le commandement de la compagnie hors rang du 2e régiment des tirailleurs sénégalais à Kati. Il dirige parallèlement une école des pupilles de l’armée. En 1933, Charles N’Tchoréré est nommé capitaine. Une belle fin de carrière en perspective l’attend au Sénégal à la tête du 1er régiment des tirailleurs sénégalais.
La Seconde guerre mondiale déclarée, il revient en métropole pour combattre
Mais lorsque la France
et l’Allemagne entrent en guerre en septembre 1939, il abandonne tout et vole au secours de la métropole. Il prend le commandement de la 5e compagnie du 53e régiment d’infanterie colonial mixte sénégalais. Ses hommes et lui ont pour mission de défendre la commune d’Airaines, près d’Amiens, de la menace nazie, ce qu’ils vont faire avec bravoure malgré les difficultés de communication. Quelques éléments de sa troupe, des Africains, ne parlent pas français. Mais Charles N’Tchoréré sait les galvaniser. Et quand, le 5 juin 1940, les Allemands commencent à bombarder la bourgade, le bataillon ne plie pas. Il résiste et tient tête à l’armée d’Hitler, qui perd huit de ses chars. Une soixantaine d’Allemands sont faits prisonniers.
Malheureusement, les Français sont à court de munitions. Ils tentent donc un repli vers le sud. Pour couvrir leur fuite, Charles N’Tchoréré reste à Airaines avec une poignée de soldats. Après soixante-douze heures de combat, le natif de Libreville et quinze de ses hommes rendent les armes. Les Allemands sont en admiration. Ils ne s’attendaient pas à une telle résistance et leur surprise est grande de devoir traiter avec un capitaine des colonies. Mais contrairement au règlement militaire, certains d’entre eux veulent le séparer des officiers blancs. Charles N’Tchoréré proteste et revendique, en allemand, son statut d’officier. Un soldat sort son arme et l’abat froidement, malgré les protestations des prisonniers allemands qui venaient d’être libérés.
« Nos neveux seront fiers d’être français et pourront lever la tête sans honte »
Peu avant sa mort, Charles N’Tchoréré avait écrit à son fils Jean-Baptiste, qui mourra, lui aussi, au combat, quelques jours avant la défaite des troupes françaises et l’armistice de juin 1940. Il lui dit : « Mon fils, j’ai là sous les yeux ta dernière lettre. Comme je suis fier d’y trouver cette phrase : Quoi qu’il en arrive, papa, je serai toujours prêt à défendre notre chère patrie, la France. Merci, mon enfant, de m’exprimer ainsi ces sentiments qui m’honorent en toi… La vie, vois-tu, mon fils, est quelque chose de cher. Cependant, servir sa patrie, même au péril de sa vie, doit l’emporter toujours ! » Et d’ajouter : « J’ai une foi inébranlable en la destinée de notre chère France. Rien ne la fera succomber et, s’il le faut pour qu’elle reste grande et fière de nos vies, eh bien, qu’elle les prenne ! Du moins, plus tard, nos jeunes frères et nos neveux seront fiers d’être français et ils pourront lever la tête sans honte en pensant à nous. » Au-delà de cette citation, c’est bien l’histoire de l’Afrique et de la France qui se mêle. Pour l’honneur et la liberté. Contre la barbarie et le racisme.
Le Point Afrique