Des personnalités maliennes et étrangères, des amis et des anonymes se sont pressés par milliers vendredi à Bamako dans un rare moment de concorde pour rendre un dernier hommage à Soumaïla Cissé, grande figure politique décédée du Covid-19.
La cour du Palais de la culture dans laquelle était exposé le cercueil drapé du drapeau malien n’était pas assez grande pour accueillir tout le monde, avant l’inhumation prévue dans l’après-midi, a constaté un correspondant de l’AFP.
Soumaïla Cissé a succombé au Covid-19 le 25 décembre en France à l’âge de 71 ans. Il était un éminent personnage public, trois fois candidat malheureux au second tour de la présidentielle, ancien chef de l’opposition parlementaire.
Son aura avait été renforcée par son enlèvement le 25 mars 2020 et sa détention pendant six mois aux mains des jihadistes. Son sort était devenu une cause politique, et il avait été libéré en octobre, en même temps que la Française Sophie Pétronin et deux Italiens, en échange de 200 détenus relâchés à la demande des groupes jihadistes.
Il passait pour un prétendant sérieux à la présidence au terme de l’incertaine période de transition en cours consécutive au putsch du 18 août, dans un pays en pleine tourmente sécuritaire.
« Au petit matin du 25 décembre jour de Noël, vendredi saint, tu nous quittes », s’est ému son fils aîné Boubacar Cissé. « Même sur ton lit de mort, tu as gardé ton sourire solidaire. Tu nous revenais six mois et un jour après ton enlèvement, et deux mois et quinze jours plus tard, tu nous quittes ».
Les partis amis de sa propre formation, l’Union pour la république et la démocratie (URD), avaient envoyé des délégations de pays voisins comme la Côte d’Ivoire, le Sénégal ou le Burkina Faso. Le Premier ministre de transition Moctar Ouane a fait le déplacement.
Un ancien adversaire, Bocary Treta, président du Rassemblement pour le Mali, le parti de l’ex-chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Keïta renversé en août, s’est incliné en sa mémoire: Soumaïla Cissé était « un homme bon et de bien… Nos chemins se sont croisés parce qu’il était chef de l’opposition et moi président de la majorité présidentielle. Mais quand il s’agissait du Mali nous nous sommes retrouvés ».
AFP