Envahissement du Capitole : l’Amérique sous le choc

Des partisans de Donald Trump ont envahi mercredi le Capitole, interrompant la session qui devait confirmer la victoire de Joe Biden.

L’essentiel :

  • Le Congrès devait entériner la victoire à la présidentielle américaine de Joe Biden ce mercredi. Lors d’une procédure purement formelle, les élus des deux chambres du Congrès s’étaient retrouvés pour enregistrer le vote de 306 grands électeurs en faveur de Joe Biden, contre 232 pour Donald Trump. Mais, dans le même temps et à quelques centaines de mètres de là, Donald Trump avait réuni ses troupes pour contester, une fois de plus, le résultat de la présidentielle.
  • Des heurts ont éclaté à proximité du Capitole entre la police et des partisans de Donald Trump, certains d’entre eux sont parvenus à s’introduire dans le Capitole. La police a ordonné au personnel du Congrès d’évacuer certains bâtiments et la maire de Washington a décrété un couvre-feu dans la ville à partir de 18 heures. Le Congrès a repris ses travaux dans la nuit.
  • Selon des médias américains, des coups de feu ont été tirés dans l’enceinte du Capitole. Les élus et le vice-président Mike Pence ont été mis à l’abri. Une femme est décédée après avoir été blessée par balle.
  • Sur Twitter, Donald Trump a appelé ses supporteurs à éviter toute violence et à « rentrer chez eux ». Joe Biden a dénoncé une « agression sans précédent » contre la démocratie.
  • Le vice-président américain Mike Pence a fait savoir qu’il ne s’opposerait pas à la certification de la victoire de Joe Biden à la présidentielle. « Mike Pence n’a pas eu le courage de faire ce qu’il aurait dû faire pour protéger notre pays et notre Constitution », a tweeté dans la foulée le locataire de la Maison-Blanche.

– Le Sénat rejette une première objection à la victoire de Biden

Le Sénat américain a rejeté mercredi à une écrasante majorité une première objection à la certification de la victoire de Joe Biden, quelques heures après l’intrusion violente de partisans pro-Trump au Capitole. Les parlementaires ont décidé, à 93 voix contre 6, de ne pas donner suite aux objections d’élus républicains visant les résultats de l’élection présidentielle dans l’État de l’Arizona. Conformément à un processus ultra-codifié, les deux chambres s’étaient séparées pour débattre de la question et la Chambre des représentants devrait bientôt se prononcer à son tour.

– Des ministres envisagent d’écarter Trump du pouvoir

Des membres du gouvernement américain ont discuté de la possibilité d’écarter Donald Trump du pouvoir après le coup de force de ses partisans au Congrès, ont rapporté mercredi soir plusieurs médias. Leurs échanges ont porté sur le 25e amendement de la Constitution américaine, qui autorise le vice-président et une majorité du cabinet à déclarer le président « inapte » à exercer ses fonctions, selon les chaînes CNN, CBS et ABC, qui s’appuient sur des sources anonymes. Mais aucune proposition formelle n’a encore été présentée au vice-président Mike Pence, a précisé CBS.

Plusieurs élus et éditorialistes de grands quotidiens ont plaidé ouvertement pour cette option, même s’il ne reste que deux semaines avant la fin du mandat de Donald Trump. Tous les démocrates de la commission judiciaire de la Chambre des représentants ont ainsi adressé un courrier à Mike Pence pour lui demander d’invoquer le 25e amendement « dans l’intérêt de la démocratie ». Pour eux, le président sortant « est malade mentalement et incapable de gérer et d’accepter les résultats de l’élection de 2020 ». L’influent Washington Post a également plaidé en ce sens dans un éditorial sévère. Pour ses éditorialistes, « le président est responsable de l’acte de sédition » survenu au Capitole, où des centaines de ses partisans ont fait irruption, alors que les élus entamaient le processus de certification de la victoire du démocrate Joe Biden à la présidentielle.

– La femme abattue au Capitole était une partisane de Trump vivant en Californie

La femme morte mercredi après avoir été blessée par balle dans le Capitole à Washington s’appelait Ashli Babbitt et était une ardente partisane du président Donald Trump qui vivait dans le sud de la Californie, ont rapporté des médias américains citant sa famille. « La femme est Ashli Babbitt, qui fut militaire pendant 14 ans et a effectué quatre déploiements avec l’armée de l’air américaine », selon la chaîne de télévision KUSI, qui dit s’être entretenu avec son époux.

Ashli Babbitt, qui n’a pas été à ce stade officiellement identifiée par la police, vivait dans la région de San Diego, dans le sud de la Californie, avec son mari qui l’a décrite comme « une partisane déterminée du président Trump ». Il n’avait quant à lui pas fait le déplacement à Washington pour aller manifester. Des centaines de supporteurs de Donald Trump ont envahi pendant plusieurs heures mercredi le Capitole. C’est au cours de ces scènes de chaos qu’une femme a été blessée par balle à l’intérieur du Capitole. Elle est décédée peu après avoir été touchée, a indiqué le chef de la police de Washington sans livrer aucune précision sur les circonstances du drame ou l’auteur du coup de feu.

« Je ne sais vraiment pas pourquoi elle a décidé de faire ça », a déclaré la belle-mère d’Ashli Babbitt, citée par une journaliste de la chaîne Fox 5. Sur son compte Twitter, Ashli Babbitt se présentait comme « ancienne combattante » et « libertarienne », affichant son amour pour son pays. Elle avait récemment retweeté de nombreux messages de personnes se rendant à Washington pour manifester à l’appel de Donald Trump. Mardi, Ashli Babbitt avait répondu à l’une d’entre elles qui se plaignait de l’annulation de son vol : « Rien ne nous arrêtera… Ils peuvent essayer, essayer et essayer mais la tempête est là et elle descend sur (Washington) DC dans moins de 24 heures… Du noir vers la lumière ! »

– Les Canadiens « profondément inquiets » des violences aux États-Unis

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a fait part mercredi de l' »inquiétude » des Canadiens face aux violences électorales qui ont éclaté aux États-Unis, qu’il a qualifiées d' »attaque envers la démocratie ». « Les Canadiens sont profondément inquiets et tristes des attaques contre la démocratie aux États-Unis, notre plus proche allié et voisin », a affirmé Justin Trudeau sur Twitter. « La violence ne réussira jamais à renverser la volonté du peuple », a-t-il ajouté.

– Macron appelle à « ne rien céder » face à « la violence de quelques-uns » contre les démocraties

« Nous ne céderons rien à la violence de quelques-uns qui veulent remettre en cause » la démocratie, a déclaré le président français Emmanuel Macron dans une vidéo diffusée jeudi sur Twitter, après l’intrusion de manifestants pro-Trump dans le Capitole mercredi soir à Washington. « Quand, dans une des plus vieilles démocraties du monde, des partisans d’un président sortant remettent en cause, par les armes, les résultats légitimes d’une élection, c’est une idée universelle – celle d’un homme, une voix – qui est battue en brèche », a ajouté Emmanuel Macron, pour qui « ce qui est arrivé aujourd’hui à Washington n’est pas américain ».

– Facebook bloque Donald Trump pendant 24 heures

Après Twitter, Facebook a temporairement suspendu le compte de Donald Trump. « Nous avons déterminé deux infractions à nos règles sur la page du président Donald Trump qui débouchent sur une suspension de 24 heures, ce qui signifie qu’il perd la capacité de poster sur la plateforme pendant cette période », a expliqué la communication du groupe californien sur Twitter. Facebook avait déjà supprimé une vidéo où le républicain appelait les manifestants à « rentrer chez eux », mais où il déclarait aussi sans preuves que l’élection avait été « volée ».

– NBA : des joueurs de Boston et Miami genou à terre, après les violences à Washington

Les joueurs de Boston et de Miami se sont agenouillés pendant l’hymne national, juste avant leur match de NBA mercredi. La rencontre a débuté avec un peu de retard en Floride, après que les membres des deux équipes ont discuté 45 minutes sur la conduite à suivre après les événements chaotiques survenus plus tôt dans la capitale fédérale. « 2021 est une nouvelle année, mais certaines choses n’ont pas changé. Nous jouons le match de ce soir avec le cœur lourd après la décision d’hier à Kenosha, et sachant que les manifestants dans la capitale de notre pays sont traités différemment par les dirigeants politiques en fonction du côté duquel ils se trouvent sur certains sujets », ont indiqué les deux clubs dans un communiqué commun.

Lepoint.fr/AFP