L’opposant ougandais Bobi Wine, principal adversaire déclaré du sortant Yoweri Museveni à la présidentielle du 14 janvier, a affirmé jeudi qu’il allait demander à la Cour pénale internationale d’enquêter sur des meurtres, actes de torture et autres abus commis dans le pays.
Bobi Wine, un chanteur populaire et député âgé de 38 ans, est le principal adversaire déclaré de Yoweri Museveni, 76 ans, au pouvoir depuis 1986.
L’opposant, Robert Kyagulanyi, de son vrai nom, est devenu le porte-parole d’une jeunesse ougandaise urbaine et souvent très pauvre qui ne se reconnaît pas dans le régime vieillissant du président Museveni. Il a été arrêté ou assigné à résidence à de nombreuses reprises depuis 2018.
Une énième arrestation mi-novembre a déclenché de violents affrontements entre ses partisans et la police, faisant au moins 54 morts, selon M. Museveni.
Bobi Wine a expliqué qu’il demanderait une enquête sur Yoweri Museveni et neuf hauts responsables de la sécurité, accusés de le viser, lui et ses partisans.
« J’espère que la Cour pénale internationale le rappellera à l’ordre », a-t-il expliqué lors d’une conférence de presse à distance depuis sa voiture, brutalement interrompue lorsqu’un policier l’a arrosé de gaz lacrymogène et extrait par la fenêtre de son véhicule, l’accusant d’être garé sur un emplacement interdit.
Selon un avocat de Bobi Wine, l’opposant compte s’appuyer sur une série de témoignages démontrant selon lui des violations « systématiques » des droits de l’homme et un « lourd historique de torture » par l’Etat.
Un témoin doit notamment raconter comment il a été contraint d’assister à l’énucléation d’un autre détenu.
« La communauté internationale n’a pas fait assez pour aider le peuple ougandais », a regretté Bobi Wine.
La CPI, créée en 2002 pour juger les crimes les plus atroces, n’a pas l’obligation de prendre en compte les demandes adressées aux procureurs, qui décident d’ouvrir, ou pas, une enquête.
Le mois dernier, elle a ainsi a rejeté une demande d’ouverture d’enquête sur la mort de quelque 150 personnes, tuées par la police ougandaise en novembre 2016 dans la région de Kasese, estimant qu’elle ne répondait pas aux critères définissant un crime contre l’humanité.
AFP