Une intime de Diary Sow, sous couvert d’anonymat, confirme l’hypothèse de la disparition volontaire et donne des pistes pour comprendre le geste de l’étudiante sénégalaise du lycée Louis-le-Grand.
« Diary est vivante, elle va bien. Il faut la laisser tranquille, qu’on arrête de parler d’elle. Il faut surtout lui laisser le temps de faire ses choix et de revenir si elle en a envie. Une chose est sûre, elle s’expliquera un jour ou l’autre, demain, dans un mois ou dans un an ». En quelques mots confiés ce mardi au Parisien-Aujourd’hui en France, l’une des personnes les plus proches de Diary Sow dissipe, au moins en partie et sous couvert d’anonymat, un mystère qui persiste depuis le 4 janvier, jour de la disparition à Paris de l’étudiante du lycée Louis-le-Grand.
Selon cette intime, le projet de disparition aurait été conçu au moins quelques jours voire quelques semaines en amont. « Peut-être remonte-t-il à encore beaucoup plus loin… », nous souffle-t-on. La pression scolaire qui règne en deuxième année de classe préparatoire aux grandes écoles d’ingénieurs y serait étrangère. Quant à l’hypothèse d’une escapade passionnelle, envisagée dans ce type de disparition, elle ne semble pas avoir plus de consistance.
En quittant du jour au lendemain sa résidence étudiante du boulevard du Port-Royal (Paris XIIIe), Diary Sow, Sénégalaise de 20 ans, aurait seulement voulu reprendre sa vie en mains et s’écarter du tapis rouge qui semblait se dessiner sous ses pas dans un geste où la dimension romanesque ne peut être exclue.
Un lien avec le décès brutal de son père ?
Étiquetée « meilleure élève du Sénégal » en 2018 et 2019 à l’issue du concours général et récompensée par le président de la République Macky Sall en personne, on lui promettait un destin tout tracé de scientifique de haut niveau appelée à endosser, tôt ou tard, des responsabilités dans son pays d’origine. « Non merci ou alors quand je l’aurai décidé », semble répondre Diary Sow avec un culot monstrueux.
Impossible, toujours selon l’un des membres de son premier cercle, de ne pas relier aussi sa volonté radicale de disparition avec le décès brutal de son père en avril dernier. Pâtissier dans le village de Malicounda à une centaine de kilomètres au sud de Dakar, il était « son confident », « son complice », « son meilleur ami ». Mais l’essentiel est peut-être écrit noir sur blanc dans son premier roman intitulé « Sous le visage d’un ange » et publié en 2019 au Sénégal. C’est en tout cas dans cette direction que nous invite à regarder l’intime de Diary Sow.
Son personnage principal, Allyn, jeune femme sublime au destin contrarié, disparaît à deux reprises au fil des 317 pages de l’œuvre. Elle lui fait dire ceci. « Je veux fouler aux pieds tous les interdits, sortir des sentiers battus, refuser toutes ces règles convenues pour que rien ne bouge jamais. Je veux vivre sans contrainte aucune. Après n’avoir connu que le côté regrettable de la vie, l’heure est venue pour moi de jouir. À mon tour. Quels que soient les sacrifices que cela implique. » Quelques lignes plus loin, jaillit un doute existentiel : « À quoi bon une vie sans folies si un coup de vent peut tout venir bouleverser ? »
Mais où est-elle aujourd’hui ?
Dans cette « folie », Diary Sow n’aurait semble-t-il embarqué personne. Selon nos informations, elle a quitté Paris seule après s’être débarrassée de son téléphone. Devenue difficilement traçable, elle a ensuite donné un signe de vie à l’un de ses contacts, juste assez pour diffuser auprès d’un cercle très restreint de personnes des nouvelles rassurantes.
Mais où est-elle aujourd’hui? En France, en Belgique ou dans un autre pays de l’espace Schengen? Ça, personne ne le sait, ni ses intimes, ni les enquêteurs de la police judiciaire qui tentent de remonter sa trace depuis le 7 janvier, jour de l’ouverture d’une enquête pour disparition inquiétante. « Nous savons juste qu’elle semble vivante et pas sous emprise, expose une source policière. Mais nous n’en aurons la confirmation que lorsque nous l’aurons vu ou lui aurons parlé directement ».
Le Parisien