Ouganda: Bobi Wine porte plainte contre l’État pour détention arbitraire

Les avocats du chanteur plaident devant la Haute Cour de justice de Kampala, ce jeudi, pour exiger sa libération. Le principal rival du président Yoweri Museveni est toujours bloqué chez lui, une semaine après l’élection présidentielle dont il rejette les résultats. C’est une nouvelle bataille judiciaire qui se profile pour lui.

Une bataille pour sortir de chez lui, voilà tout l’enjeu de cette audience à la Haute Cour de justice de Kampala. Les avocats de Bobi Wine demandent que leur client puisse être rapidement convoqué par le juge qui doit vérifier les motifs de sa mise sous surveillance et prononcer, éventuellement, sa mise en liberté définitive ou sous caution.

Pour cela, les avocats invoquent la protection d’un « habeus corpus », un terme juridique qui rappelle une liberté fondamentale : celle de ne pas être emprisonné sans jugement ni raison valable. Parce qu’officiellement, Bobi Wine ne fait pas l’objet d’une assignation à résidence. C’est pour cela que ses supporters ont du mal à comprendre pourquoi des soldats sont campés devant chez lui, et pourquoi il est privé de toute visite.

L’action de ses avocats est justement d’obliger les autorités à expliquer le bien-fondé de cette surveillance. Pour le porte-parole de la police ougandaise Fred Enanga, il s’agit d’une détention préventive, car Bobi Wine risque de provoquer des troubles à l’ordre public en galvanisant potentiellement ses supporters pour renverser les résultats présidentiels.

Mais l’entourage de Bobi Wine accuse les autorités de maintenir le blocus pour l’empêcher de se rendre à la Cour suprême pour déposer un recours contre les résultats de l’élection présidentielle. La date limite est fixée au vendredi 29 janvier. « Nous croyons fermement que tout ça fait partie d’un complot pour l’empêcher de recueillir les preuves nécessaires et préparer son recours pour contester ce que nous croyons être une élection frauduleuse, explique à RFI l’un de ses avocats, Benjamin Katana. Il ne peut pas sortir librement de chez lui, il est privé de toute visite. »

Après l’audience, les avocats ont pu rendre visite à leur client et lui amener de la nourriture : ce sont les premières personnes autorisées à rentrer au domicile de Bobi Wine depuis samedi. Pour l’ONG Amnesty International, il n’y a pas de doute, la détention de l’opposant est politiquement motivée, et l’ONG demande sa remise en liberté. La décision de justice doit être annoncée lundi matin.

De son côté, le président Yoweri Museveni a fait sa première tournée publique depuis l’annonce contestée de sa victoire. Il est arrivé dans la capitale en fin d’après-midi jeudi. De nombreux partisans s’étaient rassemblés pour l’accueillir, tous habillés en jaune, la couleur de son parti. Le chef de l’Etat n’est sorti de sa voiture que quelques instants pour saluer la foule, et rappeler aux habitants de respecter les distanciations sociales pour lutter contre le Covid-19. Suivi par un défilé de moto-taxis, de fanfares et de nombreux militants, le président Museveni s’est ensuite rapidement dirigé vers son domicile au centre de la ville.

RFI