Amnesty International a accusé vendredi les forces érythréennes d’avoir tué des centaines de civils dans le nord de l’Éthiopie en 24 heures l’année dernière, un incident qu’elle a qualifié de crime potentiel contre l’humanité.
L’Erythrée a rejeté ces accusations. « L’Érythrée est indignée et rejette catégoriquement les accusations absurdes portées contre elle par Amnesty International dans un rapport fallacieux publié aujourd’hui », a écrit le ministre de l’information Yemane G. Meskel sur Twitter.
Joint au téléphone par la VOA, le ministre a précisé que le rapport ne saurait être pris au sérieux puisqu’il se base sur les déclarations des éléments des forces tigréennes qui ont fuit après avoir commis des crimes.
Pour sa part, Amnesty rétorque que diverses méthodes ont été utilisées pour recueillir et vérifier les allégations. « Nous avons passé 11 jours à Hamdayet, le centre d’enregistrement des réfugiés dans l’est du Soudan, qui est le principal point d’entrée des réfugiés du Tigré au Soudan. Nous avons également mené des entretiens téléphoniques avec des personnes d’Axum », détaille Jean-Baptiste Gallopin, consultant à Amnesty. Il ajoute que l’ONG a aussi examiné des images satellites qui nous ont permis de confirmer qu’il y a eu « des bombardements aveugles », ainsi que les sites d’enterrement dans les églises de la ville et les débris correspondant à des pillages.
Les accusations d’Amnesty sont aussi vérifiées par un organisme étatique de défense des droits de l’homme en Éthiopie. L’organisme confirme notamment que les troupes érythréennes ont participé au conflit entre le gouvernement fédéral et celui de la région du Tigré en 2020.
Les meurtres présumés ont eu lieu pendant une période de 24 heures, les 28 et 29 novembre, a déclaré Amnesty.
Cela coïncide avec la date à laquelle les forces gouvernementales éthiopiennes ont capturé Mekelle, la capitale régionale du Tigré.
L’Érythrée a toujours nié que ses troupes ont participé au conflit sur le territoire de son voisin.
La participation des forces érythréennes aux combats du Tigré est l’une des questions les plus litigieuses découlant du conflit. De nombreux Tigréens affirment que l’armée éthiopienne a bénéficié du soutien des forces érythréennes, anciens ennemis, dans la campagne.
L’Ethiopie a longtemps nié avoir autorisé l’Erythrée à envoyer des troupes pour aider la campagne militaire du gouvernement. Mais elle a évité tout déni direct du rapport d’Amnesty International de vendredi.
Axum est un site du patrimoine mondial de l’UNESCO, célèbre pour ses grands obélisques et ses églises anciennes, dont l’une est réputée abriter l’Arche biblique de l’Alliance.
Reuters/VOA