La 43e Assemblée générale de la Confédération africaine de football (CAF) va se dérouler ce 12 mars 2021 à Rabat. Elle va déboucher sur l’élection de Patrice Motsepe à la présidence de la CAF. Un certain malaise plane au sein du foot africain, avant cette AG.
Patrice Motsepe affiche un large sourire, son masque anti-Covid sous le menton. Le Sud-Africain traverse en riant le lobby du Sofitel de Rabat, hôtel où va se tenir la 43e Assemblée générale (AG) de la Confédération africaine de football (CAF). Le milliardaire est déjà suivi par une véritable cour, deux jours avant son élection à la présidence de la CAF, prévue ce 12 mars 2021. Peu après, on le voit manger avec sa garde rapprochée, composée notamment du Sud-Africain Danny Jordaan, du Nigérian Amaju Pinnick et du Zimbabwéen Philip Chiyangwa.
Le lendemain, c’est aux côtés de Gianni Infantino, le président de la Fédération internationale de football (FIFA), qu’il se rend au dîner officiel.
La bonne humeur et la décontraction de Patrice Motsepe contrastent toutefois avec une forme de malaise qui plane avant cette AG.
« C’est une comédie »
De fait, les sujets de tensions ne manquent pas : le président sortant de la CAF Ahmad a vu sa suspension ramenée à 2 ans par le Tribunal arbitral du sport (TAS) mais ne pourra pas se présenter pour un deuxième mandat. Celui qui assure l’intérim, Constant Omari, est sous le coup d’une enquête à la Fédération internationale de football (FIFA) et n’a pas été autorisé à briguer un nouveau mandat au Conseil de la FIFA.
Surtout, le retrait des trois adversaires de Motsepe, l’Ivoirien Jacques Anouma, le Sénégalais Augustin Senghor et le Mauritanien Ahmed Yahya, donnent une dimension surréaliste à cette élection. Alors qu’on s’acheminait vers le scrutin le plus ouvert de l’histoire de la CAF, les trois Ouest-Africains se sont rangés derrière le Sud-Africain. Officiellement dans l’intérêt supérieur du football continental. « C’est une comédie », soupire un dirigeant de la CAF, sous couvert d’anonymat.
Réunis au Maroc fin février pour discuter d’éventuelles convergences, Anouma, Senghor et Yahya ont été tous les trois surpris de découvrir la présence de Motsepe. Des représentants de la FIFA étaient également présents. C’est ce qu’indiquent des sources convergentes. Aucun n’a accepté de gaîté de cœur ce « compromis de Rabat », même si Senghor est censé devenir 1er vice-président de la CAF, Yahya le 2e, et Anouma le conseiller spécial de Motsepe.
Un observateur présent déplore ainsi une « parodie de démocratie ». « Ce sera un couronnement », ironise un journaliste.
« Patrice Motsepe sera à la hauteur »
Nombreux sont cependant ceux qui s’inquiètent surtout de la fragilité financière d’une institution minée par quatre années de gestion dispendieuse et par une année de Covid-19. Les réserves de la CAF ont fondu et Patrice Motsepe est censé ramener sponsors et partenaires, grâce à son carnet d’adresses. « Je crois qu’il sera à la hauteur », défend Moïse Katumbi. L’homme d’affaires congolais, patron du Tout Puissant Mazembe, connaît Motsepe depuis plusieurs années. « C’est un bon manager, il ne faut pas le sous-estimer. Je l’appuie parce que je sais qu’il y aura un changement, avec lui ».
Un président de fédération s’interroge toutefois : le (futur) nouveau patron du foot africain aura-t-il vraiment le temps d’assumer ses responsabilités à la CAF ? Un cadre de la Confédération invite à laisser sa chance au magnat. Il sera là pour donner un « nouveau cap » au foot africain, assure-t-il.
En tout cas, le président de la FIFA, Gianni Infantino n’a pas caché sa satisfaction avant l’Assemblée générale. « Il fait beau, ici, à Rabat et c’est certainement de bon augure pour le Congrès (sic) de la CAF, s’est-il amusé, à son arrivée au Maroc. C’est un Congrès qui va être placé sous le signe de l’unité et du futur du football africain ». Quelques heures plus tard, le patron du foot mondial est allé disputer un match, pour le plaisir. Car, en coulisses, la partie est déjà pliée.
RFI