Prospérité partagée était là le slogan de campagne de M. Alpha Condé pour son passage en force en vue de la conquête de la 4ème République. Voilà qu’à peine obtenue, cette 4ème République nous montre son vrai visage. Et il se trouve que celui-ci n’est pas le plus humain et qu’il se soucie du petit peuple. N’en plaise à ceux qui s’étaient parés de leur naïveté.
S’il y a une chose que les Guinéens dans leur majorité ont en commun, c’est bien la misère qu’ils trainent tous au quotidien. Une misère qui, loin d’être dictée par une quelconque fatalité, résulte plutôt de la catastrophique gestion du pays. Malgré laCOVID-19et ses dramatiques répercussions économiques sur des populations qui se remettent difficilement de la récente crise postélectorale, la 4ème République au nom du fameux slogan “gouverner autrement” commence dans son sillage, désastre et désolation. Avec en particulier cette opération de dégagement dit-on des encombrants physiques de la route, qui sonne comme un coup de poignard dans le cœur de Guinéens plutôt désabusés et désemparés.
Mais est-il justifié de s’apitoyer sur le sort qui s’abat sur eux ? N’est-ce pas bienfait pour la gueule du Guinéen dont la précarité n’a d’égale que son hypocrisie ? Pourquoi devrait-on s’indigner pour un citoyen qui se résigne et s’accommode de tout ?
Comme un châtiment divin, le Guinéen endure les pires douleurs et humiliations de la part de ses dirigeants. Mais trop lâche pour l’extérioriser, il pleure en silence. Le déguerpissement sauvage dont sont victimes les habitants de Conakry et certaines villes des environs de la capitale, les restrictions de liberté, la cherté de la vie sont suffisamment illustratifs du peu de considération que les autorités guinéennes réservent à leurs concitoyens. Ils ne sont même pas consultés pour quoi que ce soit.
Littéralement asphyxiés par la pauvreté et humiliés par l’arrogance et l’insolente indifférence de l’Etat, ils ne peuvent piper le moindre moins au risque de récolter des châtiments exemplaires et de séjourner au gnouf. C’est cela aussi la rançon de la résignation, de l’inaction et de la lâcheté collective.
Hier, on a reproché aux habitants de l’axe d’être d’éternels victimes et pleurnichards. Ils ont tué sans âme des innocents, séquestré et emprisonné les plus honnêtes d’entre nous, on a trouvé cela normal. Déguerpir Kaporo rails sans mesures de recasement, on a estimé que l’Etat avait raison. Aujourd’hui, que tout le monde subisse la même ivresse du pouvoir, on semble subitement se rendre compte de la cruauté de l’Etat guinéen.
Au passage des bulldozers, ce sont de petits commerces qui font l’essentiel de l’économie réelle qui sont détruits. Des années de durs labeurs, d’un seul coup, anéantis et réduits en ruines, des mères de familles au maigre revenu désemparées. Des époux et pères de famille au chômage et ne sachant plus à quel saint se vouer. L’autorité maritale et parentale incapable de s’exprimer. La foi et la dignité mises à rude épreuve. Des réalités auxquelles le pouvoir oppose arrogance, mépris et insouciance.
Tristement, les jours passent et les souffrances des guinéens s’accentuent et tuent. Mais personne pour sonner le déclic et le glas d’un ras-le-bol pourtant évident. Pauvre de nous !
IbOu Diallo/Jeune MoDeL