L’historien français Vincent Duclert a remis vendredi une copie de son rapport sur le rôle de la France dans le génocide des Tutsi de 1994 au président Paul Kagame, à Kigali, a constaté un journaliste de l’AFP.
M. Duclert avait remis le 26 mars au président français Emmanuel Macron le rapport de la commission qu’il présidait et qui, après deux années d’analyse d’archives, a estimé que la France portait des « responsabilités lourdes et accablantes » dans la tragédie.
M. Kagame et M. Duclert ont discuté pendant une heure des conclusions du rapport, dont une copie a été remise en mains propres au président rwandais.
« J’ai été très heureux de pouvoir remettre au président Paul Kagame le rapport de mon équipe, de cette commission de recherche, qui a beaucoup travaillé pour terminer cette ½uvre scientifique, qui était destinée au commanditaire, le président Emmanuel Macron mais (…) aussi à d’autres présidents, et particulièrement au président Paul Kagame », a déclaré M. Duclert à plusieurs journalistes à l’issue de l’entretien.
L’historien a rappelé le constat dressé par le rapport des « responsabilités accablantes de la France, qui n’a rien compris, qui n’a pas mesuré la gravité de son action au Rwanda, et qui a contribué au processus génocidaire sans le savoir, et ce qu’on établit dans le rapport, c’est une responsabilité écrasante, et c’est précisément ce que savent Paul Kagame et les Rwandais ».
« Au fond nous parlions le même langage (avec Paul Kagame), nous évoquions les mêmes faits », a-t-il ajouté.
Ce génocide a fait plus de 800.000 morts selon l’ONU, essentiellement des Tutsi exterminés entre avril et juillet 1994.
Mercredi, lors des cérémonies de commémoration du 27e anniversaire du génocide, le président Kagame avait salué les conclusions du rapport, le qualifiant d' »important pas en avant ».
De son côté, le ministre rwandais des Affaires étrangères Vincent Biruta s’est également félicité vendredi du rapport Duclert, qui « va apporter quelque chose d’important sur la compréhension du passé ».
« Si vous comprenez bien le passé, ça veut dire que vous pouvez construire un avenir ensemble », a-t-il ajouté.
Paris a annoncé mercredi l’ouverture au grand public d’importantes archives, notamment celles de l’ancien président socialiste François Mitterrand au pouvoir à l’époque du génocide.
AFP