La Cour constitutionnelle du Bénin confirme la réélection du président Talon

La Cour constitutionnelle du Bénin a confirmé jeudi la réélection dès le premier tour du président Patrice Talon, précédemment annoncée par la Commission électorale, et a donné cinq jours à l’opposition pour déposer un éventuel recours.

Le scrutin qui a eu lieu dimanche dernier « est régulier, sincère et transparent », a déclaré à la presse à Cotonou le président de la Cour constitutionnelle, Joseph Djogbénou.

« Le duo Patrice Talon et Mariam Talata a remporté 1.982.534 voix, et a ainsi obtenu la majorité absolue des suffrages pour être élu au premier tour », a indiqué M. Djogbénou, confirmant l’élection du président sortant, mais ne donnant aucun pourcentage.

Il a annoncé que le taux de participation au scrutin était de 50,63%.

Ce sont quasiment les mêmes chiffres que ceux fournis mardi soir par la Commission électorale indépendante (CENA) après le décompte des bulletins, qui donnaient le président Talon, 62 ans, vainqueur avec plus de 86% des voix.

Alassane Soumanou et Corentin Kohoué, deux candidats de l’opposition quasiment inconnus des électeurs et accusés d’avoir été des « faire-valoir » du président Talon, remportent respectivement 261.096 voix et 53.685 voix.

Les principaux opposants béninois sont soit incarcérés, soit en exil, soit ont été empêchés de se présenter au scrutin, et plusieurs d’entre eux avaient appelé au boycott de l’élection présidentielle.

Dans un discours prononcé jeudi soir, M. Talon s’est félicité du déroulement du processus électoral. Mais il a annoncé, comme il l’avait déjà fait la veille, qu’il allait sévir contre les responsables des violences survenues pendant des manifestations de l’opposition au cours de la campagne électorale.

« Je voudrais féliciter les autres concurrents pour leur parcours, leur sens du patriotisme et de la démocratie », a déclaré le président.

Avertissement

Il a ajouté que le processus s’était relativement bien passé « en dépit des circonstances dans lesquelles les élections se sont déroulées, les menaces, les intoxications que nous avons vues, les violences auxquelles nous avons assisté ».

Le président a averti « ceux qui s’amusent à ce jeu » que « c’est très dangereux ». « Nous ne nous laisserons plus faire. Ceux qui ont été auteurs ou instigateurs de ce genre de choses vont devoir en répondre », a-t-il déclaré.

Avant le scrutin, des manifestants de l’opposition avaient dressé des barrages sur les routes principales, coupant la circulation du sud vers le nord. Ils avaient été délogés par les forces de sécurité au moyen de gaz lacrymogènes puis de tirs à balles réelles.

« 21 personnels des forces de défense et de sécurité ont été blessés par balles », avait déclaré le ministre de l’Intérieur Sacca Lafia, sans mentionner aucune victime civile. Deux personnes avaient été tuées par balles et cinq blessées à Savè, dans le centre-nord, selon un décompte de l’AFP.

Peu après l’annonce de la Cour constitutionnelle, Joel Aivo, un des dirigeants de l’opposition empêchés de participer à l’élection présidentielle, a été interpellé et placé en garde à vue par la police judiciaire, selon des sources dans son entourage.

M. Aivo devrait être présenté devant un tribunal vendredi, selon ces sources.

Les autorités judiciaires n’ont fait aucune déclaration à ce sujet dans l’immédiat.

AFP