Un journaliste congolais et animateur d’une radio locale a été assassiné par des inconnus dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), a-t-on appris lundi de sources concordantes.
Barthélemy Kubanabandu Changamuka, 23 ans, a été tué dans la nuit de dimanche à lundi par deux hommes armés non identifiés dans la localité de Kitshanga, dans la province du Nord-Kivu, a annoncé l’ONG congolaise Journaliste en danger (JED).
Le journaliste a été tué de huit balles tirées à bout portant alors qu’il était dans l’enclos de son domicile. « Les assaillants ont seulement pris son téléphone portable avant de prendre fuite », a précisé JED.
L’information a été confirmée à l’AFP par un collègue de la victime, et la section locale de l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC), principale organisation professionnelle des médias dans le pays.
M. Kubanabandu était journaliste à la Radio Communautaire de Kitshanga (Coraki FM), dans le territoire du Masisi, où il animait une émission intitulée « Sécurité alimentaire », toujours selon JED.
« Il venait de présenter à 19 heures son émission consacrée à l’obésité alimentaire ». De retour à son domicile avec un ami, « ils ont vu surgir deux personnes armées » dans la parcelle. Son ami « a réussi à se sauver en courant dans la maison, tandis que Barthélémy Kubanabandu a été » touché de huit balles, et « a immédiatement succombé à ses blessures ».
Cité par JED, le témoin et ami de la victime a affirmé « avoir l’impression » que M. Kubanabandu « était filé par ces hommes armés » et qu’il était « donc ciblé ».
En février 2021, une journaliste congolaise avait été blessée par balle à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, lors d’une manifestation réprimée par la police.
Le dernier journaliste tué en RDC l’avait été en novembre 2019: Papy Mumbere Mahamba (35 ans), un animateur d’une radio communautaire, impliqué dans la lutte contre le virus Ebola, avait été assassiné en Ituri, dans le nord-est.
Ce nouveau meurtre de journaliste porte à seize, le nombre des professionnels des médias congolais tués au cours des deux dernières décennies dans le pays.
L’Est congolais, où sévissent depuis des années une multitude de milices et groupes armés, est une région particulièrement meurtrière pour les journalistes.
Le 6 mai dernier, les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri ont été placées sous le régime de l’état de siège par le président Félix Tshisekedi, pour tenter d’y juguler la violence.
En 2020, 116 exactions contre des journalistes ont été recensées en RDCongo par JED, organisation partenaire de Reporters sans frontières (RSF) dans le pays.
« Pendant les années Kabila (Joseph, ex-président jusqu’en janvier 2019), la banalisation de la violence s’est développée en totale impunité, et les commanditaires des assassinats des 10 journalistes tués sous sa présidence n’ont jamais été traduits en justice », rappelle RSF sur son site internet.
« Bien qu’elles aient connu un léger recul à l’arrivée du nouveau président Félix Tshisekedi, en janvier 2019, les atteintes à la liberté de la presse, se maintiennent à un niveau alarmant », selon cette organisation.
AFP