Plusieurs centaines de Maliens ont manifesté vendredi après-midi à Bamako leur soutien aux colonels auteurs d’un nouveau coup de force cette semaine et, pour nombre d’entre eux, leur hostilité à la France, réclamant l’engagement de la Russie, ont constaté des journalistes de l’AFP. “On en a marre ».
Les dirigeants, ils font n’importe quoi. On veut que les Français partent et que la Russie arrive”, a dit Adama Dicko, la trentaine, l’un de ceux qui se sont rassemblés place de l’Indépendance sous un immense portrait du colonel Assimi Goïta, l’instigateur de ce coup de force.
Les manifestants répondaient à un appel d’origine peu claire à soutenir l’armée.”On est sorti en masse pour soutenir nos militaires. Si les militaires ont arrêté Bah Ndaw, c’est qu’il est parti voir Macron”, disait Adama Dicko, drapeau russe dans la main gauche et drapeau malien autour du cou.
Autour de lui, d’autres participants arboraient d’innombrables portraits des colonels, un vaste drapeau russe et des panneaux anti-français. Cette manifestation s’est déroulée à la suite de la destitution par les colonels du président Bah Ndaw et du Premier ministre Moctar Ouane.
Les deux hommes étaient les cautions civiles de la transition ouverte après le putsch mené en août 2020 par les mêmes militaires.Le colonel Goïta, qui était resté en arrière-plan l’homme fort du pouvoir sous un habillage présentable pour les partenaires du Mali, a repris les commandes, malgré une vive réprobation de la part des partenaires du Mali, dont la France.
Cette dernière, soutien important des gouvernements maliens jusqu’alors, engage plus de 5.000 soldats dans la lutte contre la propagation jihadiste au Mali et au Sahel. Cet engagement suscite régulièrement des expressions ou des manifestations hostiles, généralement limitées et souvent doublées d’appels à la Russie. “Nous sommes venues soutenir nos hommes, soutenir l’armée et demander à la Russie de venir nous aider”, déclarait Rokia Tourè, épouse de militaire. Tous n’étaient cependant pas sur la même ligne.
“La France n’est pas notre problème, la Russie ne sera pas notre solution. Travaillons d’abord”, disait Fanta Diarra.”Nous sommes ici pour soutenir l’armée malienne et la transition et nous souhaitons de tous les partenaires qu’ils aident le Mali. Certains disent la Russie, moi je dis tout le monde, parce que la France est déjà sur place. Soyons reconnaissants”, jugeait Abdoulaye Cissé, étudiant de 24 ans.
AFP