Facebook a annoncé vendredi suspendre les activités de Donald Trump pour deux ans, après qu’il a enfreint les règles du réseau social en encourageant ses partisans lors de l’assaut du capitole, le 6 janvier à Washington. Donald Trump a dénoncé une « insulte » à ses 75 millions d’électeurs.
Facebook persiste et signe. Le réseau social de Mark Zuckerberg a annoncé vendredi 4 juin suspendre l’ex-président américain Donald Trump pour deux ans, soit la punition maximale après avoir enfreint les règles de la plate-forme pendant l’assaut du capitole par ses partisans, le 6 janvier 2021.
Facebook a également affirmé que les personnalités politiques seront sanctionnées comme les utilisateurs lambda en cas de non-respect des règles, notamment en cas de désinformation.
Cette interdiction a été prononcée en vertu de cette nouvelle règle sur-mesure, elle aussi annoncée vendredi et créée par le groupe californien par rapport aux événements du 6 janvier. Elle prévoit des sanctions allant d’un mois à deux ans de suspension pour les personnalités publiques en cas de troubles et de violences, d’après un communiqué. Les récidivistes pourront être définitivement bannis.
L’ex-président américain avait été exclu temporairement le 7 janvier dernier pour avoir encouragé ses partisans lors de l’attaque du Capitole à Washington, une décision sans précédent.
Plus de six mois après sa défaite dans les urnes, Donald Trump continue de donner des maux de tête au géant des réseaux sociaux, écartelé entre souci de respecter la liberté d’expression et nécessité morale et économique d’assainir les échanges entre ses 2,85 milliards d’utilisateurs mensuels.
Une « insulte » aux électeurs de Donald Trump
La décision prolonge jusqu’en janvier 2023 au moins la suspension de Donald Trump. En mai, le comité de supervision de Facebook avait déjà maintenu la décision, mais le comité avait alors jugé que le groupe ne pouvait pas imposer une suspension illimitée, donnant six mois à Facebook pour déterminer « une réponse proportionnée ».
Réagissant après l’annonce, Donald Trump a dénoncé une « insulte » aux « 75 millions » d’Américains qui ont voté pour lui en 2020. « La décision de Facebook est une insulte » aux « 75 millions de personnes qui ont voté pour nous en 2020 », a affirmé l’ex-président dans un communiqué, ajoutant que le géant des réseaux sociaux « ne devrait pas être autorisé à s’en tirer avec cette censure et ce musellement ». « À la fin, nous allons gagner. Notre pays ne peut plus supporter ces abus ! », a-t-il conclu.
La suspension de Donald Trump a été effective à partir de la date initiale en janvier et ne sera rétablie que quand les « risques pour la sécurité du public auront disparu », a précisé la plateforme. « Compte tenu de la gravité des circonstances qui ont conduit à la suspension de Donald Trump, nous pensons que ses actions ont constitué une violation grave de nos règles qui méritent la plus haute sanction disponible dans le cadre des nouveaux protocoles d’application », a ajouté le réseau social.
« Chaudron d’extrémisme »
Le conseil avait surtout appelé le réseau à clarifier ses règles « arbitraires » : « les mêmes règles devraient s’appliquer à tous les utilisateurs », avaient insisté ses membres internationaux et indépendants.
Dont acte : Facebook vient de mettre fin à l’immunité très controversée dont bénéficiaient les élus et candidats qui enfreignent ses règles, au nom de « l’intérêt du public à s’informer ».
« Quand nous évaluons des contenus en termes d’importance pour l’information, nous ne traiterons pas les propos des politiciens différemment de ceux des autres », a indiqué Nick Clegg, le directeur des affaires publiques de la firme.
« Donald Trump a montré comment un leader politique peut se servir des réseaux sociaux pour saper les institutions démocratiques, comme les élections et le transfert pacifique du pouvoir », a souligné Paul Barrett, professeur de droit à l’université de New York.
« Facebook a raison de changer de tactique et d’appliquer aux politiques ses règles contre les comportements néfastes ».
Mais de nombreuses ONG considèrent que le réseau a trop longtemps amplifié les propos inflammatoires du milliardaire républicain, et devrait l’exclure pour de bon, comme Twitter.
Le patron de la société, Mark Zuckerberg, « a admis que Trump a utilisé Facebook pour inciter à une insurrection violente. Malgré ça, Facebook continue d’envisager de rétablir le compte de Trump », s’est indigné Angelo Carusone, président de l’association Media Matters for America.
S’il revenait, la plateforme « resterait un chaudron d’extrémisme, de désinformation et de violence », a-t-il continué.
« We love you »
Mark Zuckerberg a longtemps refusé de jouer le rôle « d’arbitre de la vérité en ligne ».
Une position devenue intenable avec Donald Trump, prompt à minimiser la gravité de la pandémie ou à dénoncer, sans preuve, de supposées fraudes électorales. Autant de propos qui jettent de l’huile sur le feu dans un pays déjà très divisé.
L’invasion du Congrès, qui a fait plusieurs morts, a marqué un tournant. « We love you » (« je vous aime »), avait déclaré l’ex-locataire de la Maison blanche dans une vidéo pendant l’assaut.
Mais Facebook n’était pas revenu sur sa liste de personnalités politiques exemptées de certaines de ses règles et sanctions (sur la désinformation, notamment) afin que le public puisse se faire sa propre opinion.
Ce traitement de faveur suscitait beaucoup de critiques, y compris en interne.
La réticence de Facebook à retirer il y a un an des messages de Donald Trump, considérés comme des soutiens aux violences policières pendant les manifestations contre le racisme généralisé, avait été désavouée publiquement par des employés.
La plateforme et ses voisines, comme Twitter, ont durci leur modération des contenus, à grand renfort de signalements adossés aux messages problématiques.
Ces initiatives n’empêchent pas les démocrates de leur reprocher leur inefficacité à contenir la désinformation, tandis que les républicains les accusent de censure.
Cette décision intervient le jour même où les autorités européennes et britanniques de la concurrence ont lancé des enquêtes sur un éventuel comportement anticoncurrentiel de Facebook dans le secteur des annonces en ligne.
France24 AFP & Reuters