Vrai ou faux: les Anglais ont-ils réellement été avantagés par le format de l’Euro?

Depuis le début de l’Euro, les Anglais sont critiqués pour avoir été avantagés avec le nouveau format de l’Euro. Vrai ou faux?

« J’ai vu des demi-finalistes qui avaient encore de la fraîcheur, car ils ont pu jouer à domicile (en phase de poules). Nous, on a dû effectuer dix déplacements pour disputer nos cinq matchs. Cela a compté. » Sans nommer les équipes, Roberto Martinez a avoué à demi-mot que certaines formations avaient été avantagées par le tirage au sort de l’Euro. En première ligne: le finaliste anglais.

Avant le début de la compétition, le sélectionneur des Diables avait déjà fait des Anglais son favori naturel. Et ce, selon certaines conditions. « Pour moi, l’Angleterre est le grand favori dans ce format. Ils peuvent jouer six matchs sur sept à Wembley. Vous savez bien que quand les matches sont serrés dans la phase à élimination directe, c’est un grand avantage de jouer à domicile » avait-il développé. Mauvaise foi ou réel avantage? Vérifications des faits.

1) Les Anglais n’ont pas subi la fatigue causée par les voyages? VRAI !

Avec six rencontres disputées à Wembley, l’Angleterre n’a effectivement pas dû beaucoup voyager durant cet Euro. Au-delà de jouer devant son public, cela permet surtout d’éviter la fatigue accumulée à cause des voyages. Et par conséquent de favoriser la récupération entre les rencontres. Au niveau des kilomètres parcourus, les Anglais n’ont parcouru que 2900 kilomètres en avion lors de leur déplacement à Rome pour les quarts de finale.

À titre de comparaison, les Suisses ont clairement perdu au change avec 19.300 kilomètres de voyages en tout (!). Les Suisses, dont le camp de base se situait à Rome, ont dû se déplacer à Bakou par deux fois (12 400 km), puis à Bucarest et à Saint-Pétersbourg (4 600 km). Tombeurs des Français en huitième (en Roumanie) mais éliminés au penalty par l’Espagne, les Helvètes peuvent légitimement se sentir lésés. « Ce sera la quatrième fois que nous changerons de fuseau horaire. Ce n’est pas super au niveau de la préparation. On a beaucoup voyagé, on se déplace souvent et il a fallu à chaque fois adapter le rythme biologique des joueurs », expliquait d’ailleurs le coach Vladimir Petkovic juste avant l’exploit face aux Bleus.

Côté Diables, l’équipe a accumulé 12.690 kilomètres. Le camp de base était situé à Tubize et les joueurs ont dû se déplacer deux fois à Saint-Petersbourg, une fois à Copenhague, Séville et Munich. À ce petit jeu, c’est la quatrième équipe des quarts de finalistes à avoir le plus voyagé.

À noter que trois des quatre équipes demi-finalistes sont celles qui ont le moins voyagé. En revanche, l’Espagne, l’équipe qui a fermé le dernier carré est la seconde équipe a avoir le plus voyagé.

Nombre de kilomètres parcourus par équipe

1) Suisse 19 300

2) Espagne 15 200

3) République Tchèque 14 480

4) Belgique 12 690

5) Ukraine 10 800

6) Danemark 9 690

7) Italie 5 870

8) Angleterre 2 900

2) Les Anglais ont-ils été avantagés par le climat? VRAI !

Cela peut paraître anodin. Mais clairement, les variations climatiques jouent un rôle prépondérant dans une préparation. En plus d’être la destination la plus lointaine, Bakou est aussi la ville la plus chaude. À l’ombre, le mercure grimpe jusqu’à 28°. Des conditions très difficiles.

Une fois de plus, l’équipe de Gareth Southgate est la seule à avoir évolué à une moyenne en dessous des 20° (19,5°). Forcément, jouer dans ces conditions est beaucoup moins éreintant pour les organismes et favorise forcément la récupération. Ajoutez à cela des voyages moins longs et vous comprendrez que les Anglais avaient de fortes facilités pour faire souffler les joueurs physiquement.

À l’inverse ce sont les… Suisses qui ont été les moins vernis ! Xhaka and co ont évolué sous une moyenne de 26°. Une température pas idéale qui pousse les joueurs dans leur dernier retranchement.

Comme dans l’autre classement, les Belges sont quatrièmes au niveau des variations climatiques. Ils ont évolué dans une moyenne de 24°. Lors de son élimination face aux Italiens à Munich, les conditions étaient idéales (17°). Mais ils ont connu les chaleurs de Séville où il faisait 30° au soleil au début de la rencontre.

La Squadra a également connu un choc climatique avec trois matchs disputés à 26° puis les éliminatoires à respectivement 20° (contre Autriche) et 15° (contre l’Espagne), deux matches à Wembley.

De leur côté, les Danois ont été épargnés avec une moyenne de 22° (avec un match compliqué à Bakou). Les Danois avaient d’ailleurs vivement critiqué le format de cet Euro où aucune sélection n’a joué dans des conditions identiques.

Températures moyennes des rencontres par équipe:

1) Suisse 26°

2) Ukraine 24,5)

3) Espagne 24,5°

4) Belgique 24°

5) Danemark 22°

6) Italie 22°

7) République Tchèque 21°

8) Angleterre 19,5°

Verdict: Oui, jouer à domicile est un avantage

Lors du premier tour, les équipes qui ont joué à domicile ont clairement connu un certain avantage. Avec onze pays différents et ses voyages fatigants, le format de cet Euro a certainement eu une incidence sur la fraîcheur physique. Des équipes comme le Danemark, l’Angleterre, l’Espagne ou l’Italie n’ont pas subi ces conditions lors de la phase de groupe de l’Euro. Cela apparaît comme un net avantage.

Et on ne parle même pas du soutien du public. L’équipe de Gareth Southgate a par exemple pu compter sur le soutien inconditionnel de ses supporters, dans un Wembley rempli de 45 à 65.000 fans, quasiment tous acquis à leur cause.

Cette édition inédite n’a pas aidé des sélections comme la Suisse ou la Belgique. Même si les membres de la fédération doivent se regarder dans le miroir si nous n’avons pas eu le stade Roi Baudoin (ou un autre) inscrit comme hôte. Si on ajoute les conditions climatiques, on comprend certainement mieux pourquoi certaines équipes (dont les demi-finalistes) disposaient de plus de fraîcheur physique.

dhnet.b