[Tribune] Ousmane Gaoual Diallo, rentrer au bercail et souffrir le martyre : est-ce le prix à payer ?

Ex nihilo ? Non ! L’histoire des grands hommes s’écrit et ne saurait être improvisée. Elle est faite de péripéties et emprunte le chemin non pas des zéros mais de ces héros comme les gladiateurs qui par leur combat et durant toute leur vie guerrière, ont eu l’audace et le courage d’écrire leur part d’histoire tumultueuse et émouvante si grands étaient leurs sacrifices ultimes.

Voilà qui est la suite logique d’un monde de lumière et de ténèbres vécues hier et à vivre aujourd’hui dans un élan d’éternelles conquêtes et de confrontations pleines de rancœurs. Cette écurie impitoyable est l’apogée d’une vie où l’homme est davantage le bourreau de l’homme plus aveuglé qu’auparavant. Il faut être un fataliste hors-pair pour admettre que tel est notre destin même si ça y ressemble beaucoup vu le contexte guinéen.

La Guinée a du chemin à faire avec le suprémacisme qui caractérise de plus en plus nos rapports de tous les jours, favorisant l’émergence d’un groupe de petits bourgeois, la nébuleuse, qui se bombe le torse et joue son va-tout pour inspirer la crainte. S’étant arrogé tous les pouvoirs ces maîtres de circonstance exigent alors des autres qu’ils se soumettent à leurs désidératas dans une République qui dit pourtant épouser la démocratie depuis plus d’un demi-siècle.

Il y a vraiment de quoi s’interroger sur l’avenir de la Guinée tant et si bien que la volonté d’un groupe d’étendre sa domination sur tout le reste et tous les autres avec la culture du deux poids deux mesures, est inacceptable et contre-productive. Après s’être fait l’expérience épatante de la vie à l’étranger, et vécu l’élégance du ‘’monde civilisé’’ où la crainte du plus fort et du plus faible demeure la loi dont ils sont à la fois l’épithète et l’attribut, Ousmane Gaoual Diallo s’est plié aux pulsions de son cœur et à la générosité de son âme qui l’ont conduit à rentrer au bercail, refusant la peur et le doute qui habitent encore cette élite guinéenne et tous ces bras valides condamnés à se dépayser dans l’attente d’un coup de fil qui rassure.

Ils ne sont guère blâmables ayant parfaite conscience du sort réservé à ceux qui sont restés ou ont regagné le pays. Mais tels sont les contrastes de la vie, quand tout le monde veut éviter les chausse-trapes, il y a de bonnes âmes ‘’imprudentes’’ qui se démarquent. À l’image de nos martyrs de la ferveur post-coloniale, l’amour pour la patrie est ce qui les guide à réinvestir la « jungle » où le plus sénile des lions, est un roi-né pour la vie jusqu’au dernier reniflement, profitant du « destin » solitaire des autres.

De nos jours, les patriotes se comptent au bout des doigts et la plupart qui s’en vantent ne le sont que de nom. Par leur indifférence, leur manque de courage ou leur complicité à différentes échelles, ils entretiennent le statu quo, plongeant la majorité des Guinéens dans la solitude et la sollicitude.

Ce statu quo ravageur n’est pas du goût des hommes honnêtes. Ousmane Gaoual Diallo en est un. Grand guerrier, cet autre gladiateur est fait pour surmonter les obstacles avec lucidité. Fidèle à ses convictions d’homme politique humble et qui rassemble, il a aussi le sens du pardon. La prison ne le faiblit pas, bien au contraire. « Dulse et decorum est pro patria mori », autrement dit : il est doux et honorable de mourir pour sa patrie, nous enseigne cette expression latine tout aussi chère aux grandes démocraties comme la France.

C’est un rappel de l’immense bénédiction qui entoure un guerrier quand il se met devant pour défendre une cause noble en compagnie d’autres patriotes dignes de confiance. HOGD et tous les autres détenus politiques connus ou anonymes vous êtes de cette génération qui force l’admiration. Soyez fiers de vous !

Bourgui