Sirhan Sirhan, âgé de 77 ans aujourd’hui, avait été reconnu coupable en 1969 du meurtre du sénateur de New York durant la campagne présidentielle, un an plus tôt. Le gouverneur de Californie a maintenant le pouvoir de refuser sa sortie de prison.
Après quinze refus successifs, la commission des libérations conditionnelles de Californie a finalement donné son accord, vendredi 27 août, pour la sortie de prison de Sirhan Sirhan, condamné pour l’assassinat de Robert Kennedy, frère cadet de l’ancien président américain John Fitzgerald Kennedy.
Sirhan Sirhan, 77 ans aujourd’hui, avait été reconnu coupable le 17 avril 1969 du meurtre du sénateur de New York. Il avait été condamné à mort mais sa peine avait été commuée en réclusion à perpétuité en 1972, à la faveur d’une brève suppression de la peine capitale en Californie.
Après un délai d’examen de 90 jours, la décision de libération conditionnelle de la commission sera soumise au gouverneur de Californie, qui a le pouvoir de la refuser ou de la modifier.
Immigré palestinien, Sirhan Sirhan avait assassiné « Bobby » Kennedy à l’hôtel Ambassador à Los Angeles, alors que le sénateur faisait campagne pour décrocher l’investiture démocrate en vue de l’élection présidentielle. Cinq autres personnes avaient été blessées. Le meurtrier avait à l’époque justifié son geste par le soutien apporté par Robert Kennedy à la vente d’avions militaires à Israël.
Durant sa précédente demande de libération conditionnelle en 2016, M. Sirhan avait affirmé qu’il avait trop bu le soir du crime et qu’il aurait aimé « que rien ne se soit passé ». Il avait aussi assuré que les aveux durant son procès étaient le fait d’un avocat qui l’avait mal conseillé et l’avait convaincu qu’il était coupable.
Un mystérieux second tireur ?
Sirhan Sirhan avait été arrêté dans les cuisines de l’Ambassador, un calibre.22 à la main. Durant son procès, des carnets avaient été produits sur lesquels il avait écrit « RFK doit mourir ». Mais certains, dont l’un des fils de Bobby Kennedy, ne sont pas convaincus que Sirhan soit bien le meurtrier ou qu’il ait agi seul.
Parmi les détails troublants figure le fait que l’ex-ministre de la justice et ancien sénateur de New York ait été touché par une balle tirée à bout portant derrière l’oreille droite, alors que Sirhan était censé lui faire face. Et selon un expert en acoustique, treize coups de feu ont été tirés le soir du drame, mais l’arme de Sirhan n’avait une capacité que de huit cartouches.
En 2018, Robert F. Kennedy Junior avait révélé avoir rendu visite à Sirhan Sirhan en prison. « J’y suis allé car j’étais curieux et perturbé par les preuves que j’ai vues », avait-il déclaré au Washington Post. « J’étais troublé à l’idée que la mauvaise personne puisse avoir été condamnée pour le meurtre de mon père ». Sa sœur Kathleen Kennedy Townsend s’était jointe à son appel demandant la réouverture d’une enquête sur le crime.
Bobby Junior avait envoyé à la commission une lettre soutenant la libération conditionnelle de Sirhan et son petit frère Douglas Kennedy s’est lui aussi exprimé en sa faveur vendredi durant l’audience.
Ami de la famille Kennedy touché par balle à la tête, Paul Schrade a lui aussi milité de longue date pour la libération de Sirhan. « C’est une bonne décision », a-t-il dit vendredi à l’Agence France-Presse (AFP). « Je suis vraiment reconnaissant à la commission d’avoir donné une chance à Sirhan de rentrer chez lui », a ajouté cet homme de 96 ans.