L’assassinat de Thomas Sankara et de douze de ses compagnons est aujourd’hui devant la justice à Ouagadougou. Le procès des quatorze accusés de l’assassinat du capitaine révolutionnaire s’est ouvert, ce lundi 11 octobre 2021, dans la salle des banquets de Ouaga 2000, transformée en tribunal pour l’occasion. Deux accusés sont absents : l’ancien président Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafondo, qui fut son chef de la sécurité. Première étape : la composition de la cour.
La matinée de ce lundi a été essentiellement consacrée au tirage au sort des assesseurs militaires. Ils sont au nombre de trois, avec trois suppléants et cela se fait par grades. Théoriquement, au moins deux officiers généraux plus gradés ou plus âgés que le plus haut gradé des accusés, à savoir, le général Diendéré, devrait pouvoir siéger. Mais cela n’a pas été simple ce matin.
En effet, dès le début de l’audience, l’immense majorité des officiers ont demandé à être récusés. D’aucuns, pour des raisons de santé, d’autres pour des raisons professionnelles, certains encore, parce qu’ils entretenaient des relations professionnelles ou personnelles avec les accusés.
« C’est l’armée, n’êtes-vous pas tous collaborateurs ? » S’est agacé le président de la chambre. « J’ai l’impression que personne ne veut s’engager dans cette affaire ». Au final, les trois assesseurs et leurs suppléants ont été tirés au sort, mais il aura fallu descendre au grade de capitaine.
Une salle d’audience peine à craquer
Une fois commencé, ce procès est suivi avec attention. Pour preuve, la salle des banquets de Ouaga 2000, transformée en tribunal pour l’occasion, est pleine. Plus de 300 personnes ont fait le déplacement. Il y a, bien sûr, les familles des victimes, dont Mariam Sankara, l’épouse de Thomas Sankara, ou encore Paul, son petit frère. Présents également, des camardes de lutte du révolutionnaire.
Jean Hubert Bazié, le directeur de la presse présidentielle de Thomas Sankara nous a fait part de son émotion. « Cela fait trente-quatre ans qu’on attend ce moment. Le Burkina écrit aujourd’hui son histoire », a-t-il déclaré.
Et puis il y a aussi des Burkinabè de tous les âges, de tous les horizons. Aïda, une étudiante en droit de 24 ans est venue spécialement aujourd’hui. « En cours, on nous parle de l’État de droit, de la démocratie, de la force de la loi. Je suis venue voir le Burkina les appliquer », a-t-elle conclu.
RFI