Au Burkina Faso, suit du procès dans l’affaire Thomas Sankara. Le tribunal militaire de Ouagadougou a livré le témoignage fait par l’ex-président ghanéen Jerry John Rawlings. À l’époque des faits, il était aux affaires dans son pays qui entretenait de bonnes relations avec les révolutionnaires burkinabè. Deux semaines avant le coup d’État, il avait reçu le capitaine Thomas Sankara qui avait insisté pour le rencontrer au sujet de la situation au sein du Conseil national de la révolution. Dans sa déposition devant le juge d’instruction avant son décès, l’ex-homme fort d’Accra soutient que Thomas Sankara craignait que Blaise Compaoré agisse et le mette à l’écart.
« Les relations étaient tendues entre les deux hommes », fait savoir Jerry Rawlings. « J’ai proposé à Thomas Sankara de parler à Blaise Compaoré, car je savais que Blaise Compoaré pouvait le tuer », soutient Rawlings dans sa déposition lue devant le tribunal.
Quel a été le facteur déclencheur du coup d’État, demande le juge d’instruction ? « La situation s’est détériorée de façon graduelle », répond Jerry Rawlings. « Thomas Sankara m’a semblé seul et il voulait que le Ghana aide à dénouer la crise », a révélé l’ex-chef d’État. Il souligne qu’il était « choqué, en colère et amer » suite à la mort de Thomas Sankara.
Quelques jours après le coup d’État, Rawlings explique avoir été invité par le colonel Mouammar Kadhafi. Sur place il y trouve Blaise Compaoré qui a tenté de le convaincre qu’il n’avait rien à avoir avec la mort de Thomas Sankara. « J’ai rejeté ses explications et j’ai refusé de poser pour une photo avec eux comme l’avait souhaité le guide libyen », dit Jerry John Rawlings
« Etienne Zongo, l’aide de camp de Thomas Sankara, m’a raconté des choses horribles que Blaise Compaoré et Gilbert Diendéré faisaient subir aux gens. Je pense que Blaise Compaoré voulait effacer la mémoire même de Thomas Sankara », fait savoir Jerry Rawlings dans sa déposition avant sa mort.
RFI