Chaque samedi, « Jeune Afrique » invite une personnalité à décrypter des sujets d’actualité. Venu à Paris présenter son nouveau roman , « Saharienne Indigo », le romancier guinéen s’inquiète des intentions de la junte au pouvoir dans son pays.
Depuis dix ans, le romancier Tierno Monénembo vit dans son pays, la Guinée, dont il observe les soubresauts politiques. Prix Renaudot pour Le roi de Kahel en 2008, auteur d’une quinzaine de romans salués par la critique (L’aîné des orphelins, Peuls, Le Terroriste noir…), il est aussi un commentateur écouté qui ne garde pas sa langue dans sa poche.
Alors qu’il vient de publier un nouveau livre, Saharienne indigo, portant sur les exactions commises sous Sékou Touré, notamment dans le fameux Camp B. de sinistre mémoire, Tierno Monénembo, que Jeune Afrique a rencontré à Paris mi-janvier, ne se gêne pas pour donner son avis sur les premiers pas de Mamadi Doumbouya au sommet du pouvoir. L’auteur affirme ne pas craindre pour sa vie, citant un proverbe ivoirien : « Cabri mort n’a pas peur de couteau ».
Jeune Afrique : Selon vous, le renversement d’Alpha Condé était-il inéluctable ?
Tierno Monénembo : Je pense que oui. Il a tout fait pour ça, il est responsable de sa propre chute. Son arrogance, son penchant incompréhensible pour la tyrannie ont conduit à cette situation. C’est un monsieur qui n’a rien compris à l’histoire, à son peuple, à son époque alors que l’on espérait qu’il soit un démocrate.
Il a longtemps été opposant, en exil. Comment passe-t-on de l’autre côté, selon vous ?
Est-il passé dans l’autre camp ou était-il déjà dans ce camp-là ? Je n’en sais rien. Je l’ai pourtant bien connu, en France, en 1974. À l’élection présidentielle de 2010, il n’a fait que 18 % au premier tour et il y a eu cinq à six mois avant le second. Pour moi, il a été élu parce qu’il était l’ami d’enfance d’un ministre français [Bernard Kouchner, alors aux Affaires étrangères]. Dans nos pays, c’est souvent la France qui vote.
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