La Minusma, la force de l’ONU au Mali, a reconnu « des dysfonctionnements » concernant la mission de ces soldats ivoiriens.
Le processus en vue d’obtenir la libération de 49 soldats ivoiriens détenus à Bamako depuis trois semaines « sera peut-être long », a reconnu mercredi à Abidjan le porte-parole du gouvernement ivoirien.
« La Côte d’Ivoire a privilégié le dialogue » pour obtenir leur libération et « les discussions sont en cours », a rappelé le porte-parole, Amadou Coulibaly, à l’issue du Conseil des ministres.
« Tout est mis en oeuvre pour que nos soldats rejoignent leurs familles », a-t-il affirmé, ajoutant: « Ce sera peut-être long, mais il faut faire confiance à l’Etat et un dénouement heureux sera obtenu ».
La Côte d’Ivoire juge que ses 49 militaires ont été « injustement » arrêtés le 10 juillet à l’aéroport de Bamako, accusés par les militaires maliens au pouvoir d’être des « mercenaires » cherchant à déstabiliser leur pays.
Selon Abidjan, la présence de ses soldats, dans le cadre d’opérations de soutien logistique à la Mission des Nations unies au Mali (Minusma), était « bien connue des autorités maliennes ».
La Minusma a cependant reconnu « des dysfonctionnements » concernant la mission de ces soldats ivoiriens.
Le ministre ivoirien de la Défense, Téné Birahima Ouattara, a reçu mercredi les familles des soldats prisonniers, leur affirmant qu’ils avaient été envoyés au Mali « dans le cadre d’une mission réglementaire » et n’avaient « pas fauté ».
Selon lui, le Mali et la Côte d’Ivoire « ont pour ennemi commun le terrorisme » et « un même combat », lui « faire front ».
« Nous comptons sur vous (le gouvernement) pour la libération de nos enfants, je suis sûr qu’ils sont plus inquiets que nous », a de son côté déclaré Alfred Kouassi, porte-parole des familles.
Fatou Diallo, mère d’un soldat, a dit avoir « foi dans le retour de nos enfants, le gouvernement nous a rassurés ».
Le Togo joue le rôle de médiateur entre la Côte d’Ivoire et le Mali, mais de premières négociations le 28 juillet à Lomé, n’ont pas permis d’enregistrer de progrès.
Le Mali exige notamment que la Côte d’Ivoire reconnaisse sa responsabilité et exprime « des regrets » pour le déploiement de soldats sur son territoire sans cadre légal, sans notification ni concertation préalable avec les autorités maliennes, selon des sources diplomatiques proches des négociations.
Bamako demande également à Abidjan de lui livrer des personnalités maliennes présentes en Côte d’Ivoire et recherchées par la justice du Mali, selon ces sources.
Autant de conditions rejetées par le gouvernement ivoirien.
Ces arrestations sont intervenues dans un contexte de frictions croissantes entre les militaires au pouvoir à Bamako et leurs partenaires internationaux.
Le Mali, pays enclavé au coeur du Sahel, a été le théâtre de deux coups d’État militaires en août 2020 et en mai 2021.
La crise politique va de pair avec une grave crise sécuritaire en cours depuis le déclenchement, en 2012, d’insurrections indépendantistes et d’actions jihadistes sanglantes dans le nord.
AFP