En 1236, au lendemain de la victorieuse bataille de Kirina sur Soumaoro Kanté, le Roi de Sosso, Sogolon Mari Djata invita tous les vainqueurs à Kouroukanfouga dans le Kangaba pour élaborer une Charte qui allait désormais régir la vie au Manden. Ainsi, ,les chefs Kamadjan Camara de Siby, Wana Camara du Tabon, Fakoly Doumbouya de Sosso, ceux de Do, de Wagadou, de Mema, de Bobo, et de Ka-ba, bref les représentants de tous les peuples ayant pris part à la défaite cuisante de Soumaoro. Comme on le voit donc, Soundiata Keita ne s’est pas approprié la victoire encore moins exclure ses compagnons.
Après des jours et des nuits de fête, mais aussi de discussions franches, une Charte fut adoptée et fut appelée la « Charte de Kouroukanfouga ». Elle comprend 44 articles qui déterminent les normes de la vie en société.
Par exemple, cette charte répartit les rôles des différentes familles ainsi qui suit :
1)- quatre familles régnantes ;
2)- cinq familles maraboutiques ;
3)- seize familles porteuses de carquois ;
4)- quatre familles de métiers.
Il est également prévu dans la charte, le respect des femmes et des vieillards, l’hospitalité accordée aux étrangers, l’éducation des enfants, le cousinage à plaisanterie
(Sanakouya) afin de lubrifier et de renforcer les relations humaines pour un meilleur vivre ensemble.
Après Kouroukanfouga, Soundiata Keita réunira chaque année à Niani, la capitale, une assemblée à laquelle tous les autres rois et chefs de provinces étaient conviés. Cette Charte est le fruit du DIALOGUE.
Suite à leur précieuse victoire sur les païens, en 1727, lors de la bataille de Talansan, les neuf marabouts vainqueurs (le Seydiyanke Alpha Ibrahima Sambegou Barry dit « Karamoko Alpha Mo Timbo « , les Timbonkés-Dialoyankés Thierno Mamadou Samba Bhouria et Alpha Amadou Kolladhé-Kankalabé, le Sérianké Thierno Sadio Barry Fougoumba, le Pérédio Thierno Moussa Sow Kêbaly, le Koulounnanké-Balla Saïkou Saliou Baldé Mo Koin, le Hélayanké Thierno Souleymane Bah de Timbi, le Kaldouyanké Thierno Mamadou Cellou, dit « Karamoko Alpha Mo Labé » et le Maninka Fodé Issiaga de Fodé Hadji) se réunirent à Timbi-Touni pour désigner celui qui allait devenir l’Almamy de la Confédération Théocratique du Fouta Djallon qu’ils venaient de créer.
A l’unanimité, le choix fut porté sur celui de Timbo et une Constitution fut également adoptée, qui sera promulguée par la suite à Fougoumba.
Tout comme la Charte de Kouroukanfouga, la Constitution du Fouta contenait tous les articles devant régir la vie en société.
Et tous les ans, l’Almamy présidait à Fougoumba, la capitale religieuse où étaient également intronisés les Almamys, une assemblée générale qui regroupaient autour de lui, tous les chefs, tous les grands marabouts et notables de la confédération.
Et, même lorsque Almamy Alpha Ibrahima Sambégou perdit ses facultés à bord d’une pirogue lors d’une de ses expéditions guerrières contre les païens et qu’il en mourut, la Constitution fut amendée à Fougoumba afin de confier le pouvoir à son cousin germain et chef de ses armées, Ibrahima Sory Yero Paté, qui devint ainsi le 2ème Almamy du Fouta sous le nom de Almamy Sory Mawdho.
C’est lorsque le premier fils de Alpha Ibrahima Sambégou atteignit l’âge de la majorité que Alpha Saliou, monta au trône. Cette situation non prévue au départ entraina désormais le partage du pouvoir entre les descendants de l’Almamy Alpha Ibrahima Sambégou Ibn Nouhou (Alphaya), et ceux de Almamy Sory Mawdho ibn Maliki (Soriya). Tous ces acquis sont aussi le fruit du DIALOGUE.
Le combat politique pour l’accession de notre pays à l’indépendance fut mené par tous les acteurs politiques de l’époque regroupés au sein des partis politiques. Mais, lorsque le PDG-RDA se distingua particulièrement en devenant le fer de lance, les autres se rallièrent inconditionnellement à sa cause, malgré toutes les promesses et menaces de l’administration coloniale.
Ainsi, la Guinée vota NON au référendum du 28 Septembre 1958 et accéda à la pleine et entière souveraineté le 2 Octobre de la même année. Elle ouvrit la brèche dans l’empire colonial français, brèche qui permit aux autres colonies d’obtenir leur indépendance. Encore le DIALOGUE !
C’est la voix du grand chansonnier Sory Kandia Kouyaté, retraçant l’histoire de leurs pays et de leurs peuples, qui mit fin à la guerre entre le Mali et la Haute Volta (actuel Burkina Faso), au Palais du Peuple ici à Conakry avec la médiation du Président Ahmed Sékou Touré. DIALOGUE encore et toujours.
Le Président Alassane Ouattara de Côte D’ivoire vient de gracier son prédécesseur Laurent Bagbo qui était condamné à 20 ans de prison après une dizaine d’années passées à la Haye. Auparavant, il avait reçu à deux reprises, les Présidents Henry Konan Bédié et Laurent Bagbo pour la paix et la cohésion sociale après une profonde crise électorale qui a fait plus de trois mille (3 000) morts.
Pourtant, le Président Alassane Ouattara passa des mois à l’hôtel du Golfe à Abidjan avec ses partisans.
Pourtant, la tombe de sa chère mère, Nna Bintou Cissé, fut profanée et ses restes exhumés à Kong sa ville natale par ses adversaires. Une Mère, c’est l’être le plus cher au monde, mais le Président Ouattara a accepté de tourner la page sombre de l’histoire de son pays afin de ne pas l’exposer à nouveau, aux dérives du pouvoir dont les pyromanes ont toujours une boîte d’allumettes en main.
Il a fait le pompier qui consume les braises de la division, du mépris et de la haine. C’est à la fois de la grandeur et de l’humilité. LE DIALOGUE encore et toujours.
Colonel Mamadi Doumbouya, tous ces rappels sont pour vous qui détenez entre vos augustes mains le destin de la Guinée. Affranchissez-vous des tutelles et des chapelles du miel nectar de Babylone que courtisans et opportunistes de la dernière heure mettent à longueur de journées dans vos oreilles.
Appelez tous vos frères à la table de DIALOGUE, écoutez les tous, sans exclusive, car un légionnaire ne doit pas gagner que des batailles et perdre la guerre.
Vous, vous êtes allé à la mort ; mais, des centaines de guinéens sont morts, d’autres blessés, d’autres handicapés à vie, et d’autres ont tout perdu dans les destructions et les pillages. Ce sont des martyrs ; car, ils ont constitué le terreau fertilisant du champ du 5 Septembre que vous avez récolté. Ce sont des victimes qui méritent reconnaissance.
Je vous recommande vivement le livre « Soundiata » écrit par feu le Professeur Djibril Tamsir Niane. Faites en votre livre de chevet.
Par Amadou Dioulde Diallo, Journaliste-historien