Au Rwanda, Antony Blinken fait part de son « inquiétude » pour les droits humains

Pour la dernière étape de sa tournée africaine, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a rencontré le président rwandais Paul Kagame, avec lequel il a abordé la question des droits humains, notamment le sort du héros de « Hôtel Rwanda », Paul Rusesabagina.

Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a exprimé, jeudi 11 août, les inquiétudes des États-Unis en matière de droits humains au Rwanda, lors de discussions avec le président Paul Kagame, à Kigali.

Il a en particulier abordé le sort du héros de « Hôtel Rwanda », Paul Rusesabagina, qui purge depuis l’an dernier une peine de 25 ans de prison pour « terrorisme » et dispose d’un statut de résident permanent aux États-Unis.

Antony Blinken s’exprimait lors d’une brève visite au Rwanda, troisième et dernière étape de sa tournée africaine après l’Afrique du Sud et la République démocratique du Congo (RDC). « Comme je l’ai dit au président Kagame, nous pensons que les gens dans tous les pays devraient pouvoir exprimer leurs opinions sans peur d’intimidation, d’emprisonnement, de violences ou de tout autre forme de répression », a déclaré Antony Blinken lors d’une conférence de presse à Kigali.

Il a par ailleurs souligné « les préoccupations » américaines concernant « le manque de garanties de procès équitable » fournies à Paul Rusesabagina. La famille de ce dernier avait justement indiqué dans un communiqué qu’elle espérait de Antony Blinken que son « engagement direct » aide à mettre fin à leur « cauchemar » et celui de leur proche, dont la santé se détériore selon elle.

Paul Rusesabagina, 68 ans, a été rendu célèbre par le film « Hôtel Rwanda », sorti en 2004, qui raconte comment ce Hutu modéré qui dirigeait l’Hôtel des Mille Collines dans la capitale rwandaise a sauvé plus de 1 000 personnes durant le génocide des Tutsi en 1994. En mai, Washington a estimé qu’il était « injustement détenu » par la justice rwandaise.

« Stabilité régionale »

En amont de l’arrivée du secrétaire d’État, la société civile et des ONG avaient demandé une prise de position américaine sur la question des droits humains, Human Rights Watch appelant Antony Blinken à « signifier d’urgence (à Kigali) qu’il y aurait des conséquences à la répression et aux abus exercés par le gouvernement au Rwanda et au-delà ».

En écho, la responsable de l’opposition rwandaise Victoire Ingabire a affirmé qu’Antony Blinken devait « soulever la question des journalistes et des politiciens emprisonnés » pour s’être opposés au gouvernement de Paul Kagame.

Le secrétaire d’État américain a par ailleurs indiqué avoir discuté avec Paul Kagame de la question d’allégation de soutien à un groupe rebelle en RDC, le M23, sujet qu’il avait évoqué la veille à Kinshasa.

Selon un rapport d’experts missionnés par les Nations unies, et consulté début août par l’AFP, l’armée rwandaise a « lancé des interventions militaires contre des groupes armés congolais et des positions des Forces armées congolaises » depuis novembre 2021 et jusqu’en juin 2022. Kigali a démenti catégoriquement.

France 24 avec AFP