Au moins huit personnes ont été tuées et des centaines d’autres déplacées dans la capitale sierra-léonaise Freetown à la suite d’un glissement de terrain et d’inondations causées par des pluies abondantes qui continuaient lundi, ont indiqué les secours.
Quatre hommes, une femme et une petite fille de sept ans ont trouvé la mort dimanche quand des constructions à flanc de montagne ont été submergées par une coulée de boue lors de pluies torrentielles dans le secteur de Looking Town, a rapporté l’agence nationale de gestion des catastrophes.
Deux autres hommes sont morts dans les quartiers de Mount Aureol et Blackhall Road quand des barrières se sont écroulées sur les bâtiments où ils se trouvaient, a ajouté l’agence.
Plus de 800 personnes ont dû quitter leurs maisons à cause des inondations dans le quartier de Colbert, a indiqué à l’AFP un porte-parole de l’agence, Mohammed Bah.
« Le glissement de terrain est du à l’importance des pluies, cela ne fait pas de doute, mais aussi à une conjugaison d’activités illégales », a-t-il dit.
« Les gens coupent les arbres et détruisent le couvert forestier. Le glissement de terrain résulte principalement du fait que les gens construisent en dehors des zones réservées à cet effet », a-t-il dit.
Les autorités ont demandé aux habitants d’évacuer le secteur de Looking Town sinistré dimanche, un pan de roche menaçant de s’effondrer.
Le président Julius Maada Bio a imputé ces calamités au changement climatique mais aussi à une planification urbaine déficiente.
« On voit avec les précipitations abondantes de ce mois d’août l’impact et la conséquence du réchauffement et du changement climatique« , a-t-il écrit dimanche soir sur Twitter. « Mais des années de mauvaise planification urbaine et de mauvaise gestion des ressources municipales ont énormément contribué aux inondations« , a-t-il ajouté.
La maire de Freetown Yvonne Aki-Sawyerr, qui s’est rendue auprès des sinistrés, a prévenu qu’il fallait s’attendre à davantage de phénomènes extrêmes à cause du changement climatique. « C’est quelque chose dont nous devons tous être conscients », a-t-elle dit.
Elle a plaidé pour une sensibilisation des populations et la mise en place, à l’échelle locale, de « fondamentaux » pour que les habitants cessent de couper les arbres ou de bloquer les voies d’évacuation des eaux. Elle a invoqué une étude datant de 2019 montrant que 85% des bâtiments étaient dépourvus de permis.
La Sierra Leone, pays tropical et pauvre, est régulièrement affectée par des phénomènes d’inondations et de glissements de terrain qui ont frappé des centaines de milliers de personnes et provoqué des dégâts économiques sévères ces vingt dernières années, selon la Banque mondiale.
Elle vient tout juste de commémorer le drame du 14 août 2017. Ce jour-là, un pan de montagne qui domine Freetown s’est détaché après des jours de précipitations intenses et des flots boueux et d’énormes blocs de pierre ont emporté ou submergé les habitations du quartier de Regent en contrebas, faisant 1.141 morts et disparus selon un bilan officiel.
Cet anniversaire a fourni aux spécialistes et aux rescapés l’occasion de mettre en garde, les facteurs d’un nouveau désastre, comme la déforestation, la construction anarchique mais aussi la carence en moyens de prévision et d’alerte, restant selon eux réunis.
AFP