Une plainte a été déposée, le 8 septembre en France, contre le président de la transition guinéenne Mamadi Doumbouya. Un cabinet d’avocats a été mandaté par quatre familles de victimes ainsi que la coalition FNDC. Le cabinet a saisi le procureur de la République auprès du tribunal judiciaire de Paris. Dans le dossier, le président Doumbouya est accusé de complicité d’homicides volontaires et complicité de torture suite à la répression des manifestations contre la junte, en juillet et août derniers, qui avaient fait plusieurs morts.
Les avocats se basent sur des articles de presse, des déclarations et des rapports d’ONG dont un du FNDC. Pour Me Vincent Brengarth, Mamadi Doumbouya a eu un rôle central dans la répression des manifestations qui avait fait au moins huit morts.
« En tant que personne à l’origine du coup d’État en Guinée, et surtout étant aujourd’hui à la tête du Comité national du rassemblement pour le développement, c’est d’avoir occupé un rôle central dans la répression de différentes manifestations. Nous dénonçons également des faits de torture qui s’inscrivent, là encore, dans un cadre concerté directement en lien avec les juntes militaires », souligne-t-il.
Les avocats estiment que la justice française est compétente, car Mamadi Doumbouya aurait la nationalité française. Une source militaire de haut rang confirme cette information. Le président guinéen l’aurait demandée plusieurs années après avoir quitté la légion étrangère en 2009. Un proche de la présidence guinéenne corrobore l’information.
Dans tous les cas, Me Brengarth attend désormais que le procureur ouvre une enquête préliminaire : « Il y a déjà un certain nombre d’éléments qui peuvent être portés à la connaissance des juridictions françaises. Les familles des victimes seront à la disposition de la justice française pour pouvoir apporter leurs témoignages. Il y a une collaboration qui nous semble aussi possible de la justice guinéenne, même si on y voit évidemment des obstacles politiques. »
La plainte explique qu’il n’y a aucune perspective de poursuites dans le pays, car les juridictions guinéennes ne sont pas indépendantes. Quant à une immunité du président Doumbouya, « il est arrivé au pouvoir par un coup d’État, il n’est donc pas légitime », disent les avocats.
RFI