L’écrivaine Chimamanda Ngozi Adichie appelle les Nigérians à l’éveil social

La célèbre écrivaine nigériane a fait une sortie remarquée contre l’état de la société de son pays décrit comme sans espoir, en perte de repères et tyrannique.

C’est un véritable plaidoyer pour l’éveil des consciences, une ode à la mobilisation générale que Chimamanda Ngozi Adichie a lancé le 29 août 2022 dans l’enceinte d’Eko hôtel à Lagos. Invitée de la cérémonie inaugurale de la réunion annuelle de l’association du barreau du Nigeria, la romancière connue pour ses prises de position sans concession, s’est insurgée contre le contexte social préoccupant dans ce pays, le plus peuplé du continent africain.

« Nous devons sauver l’âme de notre nation », a-t-elle lancé sous les acclamations, dans un discours-diagnostic de tous les pans de la société nigériane. La romancière a notamment décrit un pays en plein désarroi et en proie à la tyrannie dans chacune de ses composantes.

Faillite de l’État de droit

« L’État n’a pas le monopole de la tyrannie. Les forces de sécurité qui traînent des journalistes en prison, comme c’est toujours le cas dans ce pays, reflète la tyrannie. Le journaliste qui maltraite son employé de maison est un exemple de tyrannie. L’utilisation de la loi par les riches pour assujettir les pauvres est également tyrannique », estime-t-elle, appelant à une vision plus large du concept de tyrannie.

À en croire l’auteure de plusieurs ouvrages à succès, dont « Americanah » et « nous sommes tous des féministes« , entre autres, une telle situation témoigne de la faillite de l’État de droit. Elle invite à rompre cette spirale en agissant pour l’intérêt général. « Ce n’est pas parce que les choses paraissent difficiles qu’elles sont impossibles », indique la militante féministe qui exclut de renoncer à l’action pour le changement.

Manque de figure de proue

Chimamanda Ngozi Adichie estime notamment avoir souvent été assimilée par certains à « une provocatrice », un « fauteur de troubles » à cause de son engagement contre l’injustice, à l’image de tant d’autres personnes. L’essayiste cite à cet effet la défunte spécialiste en pharmacologie Dora Nkem Akunyili réputée pour sa lutte implacable contre les faux médicaments.

« Elle était aussi considérée comme une empêcheuse de tourner en rond. Mais l’important n’est pas d’être traité de fauteur de troubles. Ce qui importe, c’est la raison pour laquelle nous sommes perçus comme tels », a insisté Chimamanda pour qui le Nigeria est en manque cruel de héros susceptibles d’inspirer la jeunesse.

Le discours prononcé en présence de plusieurs personnalités politiques dont le candidat de l’opposition à la prochaine présidentielle Atiku Abubakar, a été repris avec abondamment dans la presse nationale et sur les réseaux sociaux.

Le pays est en effet étreint par de sérieux problèmes de sécurité et une situation économique chancelante, à six mois d’un scrutin présidentiel pour lequel l’actuel chef de l’État Muhammadu Buhari ne peut pas se représenter.

La VOA