Les abus contre les militants de l’opposition font légion pendant cette période de transition. La semaine écoulée, le 5 septembre notamment, la manifestation des Forces Vives de Guinée a été réprimée dans le sang par l’armée et la police. Dans la commune de Ratoma, comme toujours, la répression a été barbare. Outre les exactions commises le jour de la manifestation, des agents des forces de défense et de sécurité sont descendus dans les quartiers les jours suivants à la chasse des meneurs de ces manifestations. Notre Rédaction a pu joindre un de ces jeunes leaders qui s’est échappé de ce rapt et depuis lors, craignant pour sa vie, il est en cachette. Dans cette interview exclusive, Thierno Mamadou Sow natif de Dalaba et résidant à Lambanyi, commune de Ratoma nous raconte son calvaire et son passé du militant du FNDC.
Lejour.info: Thierno Mamadou Sow, bonjour
Thierno Mamadou Sow: Bonjour Monsieur le journaliste
Vous êtes connu comme un militant engagé du Front national pour la défense de la Constitution. Depuis quelques jours, on ne vous voit pas dans votre quartier Lambanyi?
Tout à fait. Le 6 septembre dernier, au lendemain de notre manifestation durement réprimée par les forces de défense et de sécurité, des militaires en cagoules et lourdement armés ont pénétré notre quartier à 6h du matin. Ils fouillaient les maisons dans certaines concessions dont ils semblaient bien détenir des renseignements sur la présence des meneurs des manifestations dans cette zone. Alerté par le bruit, j’ai réussi à m’en fuir pour me trouver une cachette.
Donc, vous êtes caché?
Bien sûr, je suis caché et je suis dans un lieu sûr.
Mais pourquoi vous vous cachez?
Une seconde fois c’était à l’occasion du boycott de l’opposition du référendum constitutionnel couplé des élections législatives du 20 mars 2020. Nous avons été détenus au Camp Alpha Yaya Diallo pendant 15 jours sans être présentés à un juge. Les militaires nous bastonnaient et nous faisaient travailler dans la cour du camp. A l’époque, mes parents ont payé 5 millions des francs pour me trouver un moyen de sortie. Sinon, on était entrain d’être transféré à Soronkoni. D’ailleurs beaucoup de nos camarades ont été conduits au camp de Soronkoni à Kankan où ils resteront détenus dans des conditions inhumaines plusieurs mois durant. Quant à moi, je ne pouvais plus resté au pays. Je suis allé en Sierra Leone. Le coup d’Etat du Colonel Mamadi Doumbouya m’a trouvé la-bas. C’est après que je suis rentré pour reprendre mes activités et aussi mon militantisme au sein du FNDC lorsque le CNRD a dévié le chemin de la démocratie.
D’accord, maintenant vous vous opposez à la junte militaire?
Bien sûr. Parce que le Colonel Mamadi Doumbouya et son régime ont violé leur engagement initial, c’est à dire faire une transition inclusive, respecter les droits des citoyens et remettre le pouvoir aux civils en organisant des élections libres et transparentes.
Regardez, ils interdisent les manifestations. Nos leaders les Foniké Mengué, Ibrahima Diallo etc.. ont fait presqu’une année en prison. D’autres sont en exil y compris des opposants politiques.
Mais votre manifestation du 5 septembre 2023 n’était pas autorisée. En plus depuis le 8 août 2023, le FNDC est dissout non?
Le FNDC ne peut pas être dissout. C’est un état d’esprit. Vous le savez bien, le FNDC est un mouvement qui réunit plusieurs organisations de la société civile. En plus, le droit de manifester est mentionné par la Charte de la Transition, rédigée par eux-même les putschistes. Donc, chaque manifestation programmée, nous informons par écrit les autorités communales.
Maintenant que comptez vous faire?
Je suis entrain de réfléchir. Mes parents ont été violentés par les militaires qui leur ont sommé d’indiquer où je me trouve, faute de quoi c’est eux mes parents qui vont subir les conséquences de mes actes. Vous voyez dans quel pays, on est. Je suis majeur. Je suis un militant engagé pour la bonne cause. Il faut qu’ils laissent mes parents tranquilles.
Thierno Mamadou Sow, merci
Merci Monsieur.
Propos recueillis par Amirou Bah/Lejour.info