Les familles des victimes du 5 septembre chez le Procureur de la République: vers l’ouverture d’une enquête

A l’occasion du deuxième anniversaire du coup d’état militaire qui a mis fin au pouvoir d’Alpha Condé, les Forces vives du pays avaient projeté, le 5 septembre des manifestations à Conakry pour réclamer à la junte un retour rapide à l’ordre constitutionnel.

Mais ces manifestations interdites par le gouvernement ont entraîné des violences terribles dans la commune de Ratoma, réputée zone « chaude » et fief de l’Ufdg, l’un des principaux partis politiques du opposés au régime militaire. Bilan, selon les Forces vives, 5 morts par balle, tous des adolescents, des dizaines des blessés et plusieurs arrestations. Comme toujours, la polices, la gendarmerie et parfois des militaires, ont été accusés d’avoir usé des armes à fait devant des gamins munis des cailloux.

Pour tirer au clair, les parents des victimes, accompagnés de l’avocat Me Thierno Souleymane Baldé, se sont rendus au tribunal de première instance de Dixinn, le mercredi 13 septembre 2023 pour réclamer justice. C’est le procureur de la République près ce tribunal, Me Algassimou Diallo qui a reçu les plaignants. Au sortir de cette rencontre, une lueur d’espoir de voir les auteurs de ces crimes être jugés un jour, est né chez ces familles endeuillées et leur avocat.

Ce dernier devant les médias s’est exprimé ainsi:
« On a eu un entretien avec le procureur de la République afin de voir comment il peut nous aider pour que les enquêtes avancent très vite. Vous savez très bien qu’à chaque fois qu’il y a assassinat, il y a certains témoins qui sont présents sur le lieu du crime. Donc, si les enquêtes préliminaires sont immédiatement diligentées, il est tout à fait possible d’avoir suffisamment d’informations. Du coup, on peut identifier les auteurs, mais si les enquêtes trainent, il y a certains témoins qui peuvent se déplacer. Ça contribue à rendre difficile l’identification des auteurs de ces crimes.
Nous savons que c’est le ministère public qui doit dans les conditions normales diligenter toute la procédure pour que ce travail soit fait. Donc, il fallait qu’on échange avec le Procureur. Enfin de solliciter son assistance et surtout à ce que la loi soit correctement appliquée maintenant au-delà de rassurer les familles des victimes. Il y a beaucoup de familles de victimes qui ont peur parce qu’elles pensent qu’en venant au tribunal témoigner, on pourrait prendre une certaine action contre eux. Donc, il fallait absolument que ce point-là aussi, soit discuté pour les rassurer davantage ».
Du moins, après avoir eu l’engagement du procureur de diligenter une enquête en collaboration avec la gendarmerie, les familles des victimes et leur conseiller ont l’espoir de voir le dossier avancer pour que la lumière soit faite sur ces tueries.

Déjà, le jeudi 7 septembre, le porte-parole du gouvernement sorti du conseil des ministres ordinaire déclarait que les coupables de ces crimes seront débusqués et jugés. Seulement, depuis l’arrivée du colonel Mamadi Doumbouya au pouvoir, on a enregistré une trentaine des tués en marge des manifestations de l’opposition. Et les coupables courent toujours.

Barkatoullaye Diallo/ Le Jour