Ousmane Gaoual Diallo joue à un jeu extrêmement dangereux en interpellant la « communauté » peule à prendre position dans l’affaire qui l’oppose à la mosquée de Bronx, à New York.
Dans un contexte où la question communautaire est explosive, et où persistent des préjugés et des stéréotypes dans les relations intercommunautaires, il est totalement irresponsable que Gaoual fasse référence à LA communauté peuple, surtout qu’il est difficile d’identifier une telle réalité du point de vue sociologique, à New York. Mais lorsqu’on est habité par le ressentiment, la vengeance et la haine, lorsqu’on consent à être l’instrument d’une dictature militaire, seul le désir guide l’action, impérativement : les digues cèdent l’une après l’autre, le zèle devient une vertu, la bêtise une norme.
Depuis qu’il est au CNRD, Gaoual confirme de plus en plus son rôle de militant politique flingueur, assigné au rôle abject de descendre Cellou Dalein Diallo, en jouant ce faisant les Peuls contre les Peuls. Ministre, au sens noble du terme, il ne l’est pas réellement, car il n’existe pas à proprement parler d’espace public en Guinée qui donnerait sens à l’idée de ministre. Je dis clairement ici que Gaoual joue à un jeu extrêmement dangereux dans un pays où les blessures du passé demeurent grandement ouvertes et où les militaires au pouvoir instrumentalisent savamment le sentiment d’appartenance communautaire, surtout dans la configuration des sphères décisionnelles.
Quant à Ousmane Gaoual Diallo, il restera pour l’univers de la recherche académique l’exemple type du recyclage politique en Guinée, qui permet de comprendre, pourquoi depuis 1960, les nouvelles générations s’approprient et pérennise l’arbitraire, la violence et les injustices socioéconomiques comme modalités de gouvernance de la société. Visiblement, nous sommes en attente de l’émergence des forces de la rupture.
Amadou Sadjo BARRY
Professeur de philosophie au Québec