Près d’une centaine de migrants subsahariens auraient été expulsés collectivement par la Garde nationale tunisienne vers les frontières algériennes entre le 18 et 20 septembre selon les témoignages récoltés par l’ONG Human Rights Watch. Ces migrants auraient été emmenés vers les frontières après avoir été interceptés en mer lors d’une traversée irrégulière vers l’Europe.
Après des expulsions forcées de près de 1 300 migrants vers le désert tuniso-libyen cet été et la mort de 27 d’entre eux, l’ONG Human Rights Watch dénonce un nouveau durcissement des autorités tunisiennes face à l’afflux de migrants dans le pays. Les autorités tunisiennes n’ont pas confirmé les faits rapportés par l’ONG, mais disent intercepter près d’une dizaine de tentatives de départs en mer par nuit sans compter les arrestations aux frontières terrestres qui ont atteint des chiffres records en septembre.
D’autres associations telles que le Forum des droits économiques et sociaux ont confirmé que certains migrants coincés actuellement dans les villes du Kef et de Tajerouine au nord-ouest tunisien, limitrophes avec l’Algérie avaient été transportés sur place après avoir été interceptés en mer.
Renforcement des contrôles
Il y aurait aussi des contrôles renforcés sur les transports collectifs et les trains de phosphate partant du sud-ouest pour éviter que les migrants subsahariens qui arrivent par les frontières terrestres, ne rejoignent la ville de Sfax à l’Est du pays, plaque tournante des départs irréguliers vers l’Europe.
Cette nouvelle stratégie de dispersion des migrants en dehors de Sfax intervient dans un contexte tendu où la capacité des prisons tunisiennes est saturée alors que les arrestations de migrants se multiplient selon les chiffres de la garde nationale donnés fin septembre. Au total, 7 756 migrants ont été arrêtés par la garde nationale en septembre sur un bilan de deux semaines dont 4 174 arrêtés pour entrée illégale sur les frontières terrestres.
Ce renforcement sécuritaire intervient alors que le président Kaïs Saïed a annoncé le 3 octobre dernier, refuser les fonds alloués par l’Union européenne pour lutter contre la migration irrégulière. Une enveloppe de 105 millions euros qu’il considère comme une forme de « charité » selon ses mots et qui ne respecte pas l’accord d’entente signé à Tunis cet été ainsi que l’esprit lors de la conférence de la conférence de Rome en juillet.
RFI