Dalaba, début des années 50.
Un Homme Politique en campagne pour l’installation des structures de son Parti, arrive dans la ville. A la nuit tombée, il ne trouva pas de logis et se résous à aller trouver demeure sur les bancs de l’école primaire, selon des informations recueillis sur place.
Il s’appelle Sékou TOURE. Il est de Faranah. Un autre Koba-Bouramayah, et qui a choisi de s’établir à Dalaba, vint alors le chercher pour lui conduire chez lui. Il a pour nom, Abdoulaye Morlaye Touré, un fervent militant du PDG. C’est le père de Hawa Touré, mais aussi de Sékouba et de Mabéty. Le Premier, après le vote Historique du 28 Septembre 58 et la proclamation de l’Indépendance de la Jeune République de Guinée, devient le président de la République et le second, obtient le suffrage des populations de Dalaba et devient pendant de longues années, le secrétaire fédéral, ce, malgré des oppositions de taille comme celle d’un certain Ibrahima Sory Diallo dit « Kofmann », qui était l’Inspecteur Primaire de l’Education et Membre du Bureau Fédéral en 1969.
Mon père fut affecté en Décembre 68 à Dalaba en provenace de Kindia comme Garde Républicain. J’étais en 6ème année et je poursuivis mes études à l’Ecole Primaire de Dalaba 1. Il y avait dans ma classe, Mabéty Touré, la grande sœur de Hawa, Diouder, Bah Alpha, Barry Abdourahamane, Hann Rougui, Lamarana Goubhi, Alpha Barry « Diangolo », Néné Oumou, Bah Idrissa, Yayé Kanny Barry, Mariame Cissoko, Sekou Keita, Mamadou Billo Diallo, Bah Fatou, Aissatou Biribiri Diallo, pour ne citer que ceux là.
L’école avait pour Directeur, Monsieur Karamoko Fofana. C’est lui qui me surnomma « Maxime ». Il était l’avant-centre de l’équipe fédérale de football, et son petit frère Diawadou, en était l’ailier gauche. Un jour, notre nouveau Maitre en 6ème année, Monsieur Baba Gallé Barry, un fils de Boffa, monta une troupe au sein de l’établissement et procéda à la sélection des acteurs. C’est là que je vis Hawa Touré pour la toute première fois, au cours d’une répétition pendant que Néné Oumou de Pellel Yéro et moi, étions parmi ceux qui déclamaient les poèmes.
Hawa Touré devait avoir entre neuf et dix ans. Sa belle voix avait séduit Monsieur Barry. Elle était donc la cantatrice, et chantait un morceau dont je me souviens encore, et par lequel je l’appelais lorsque je répondais à ses salutations de « Bonjour Grand Frère », à la RTG où nous nous retrouvâmes par la suite. Le morceau s’intitulait « Khalatitina, Khalatilé, Ngaye mou toroma ». Malgré son jeune âge, elle avait tapé dans l’œil du Directeur de la troupe fédérale, le professeur de français, Monsieur Wolibo Doukouré. Mais le temps révèlera par la suite, que la vraie passion de Hawa Touré, était le sport dont les terrains de pratique de football, de basket et de volley, se trouvaient au « chargeur » ; son quartier, et qui était l’ancien camp des parachutistes français au temps colonial. Le Cer 2ème et 3ème cycles Béhanzin, la Villa « Jeanine », la Maison de la princesse Xhosa Myriam Makeba, et le Grand Hôtel, s’y trouvent également. Son grand frère Sékouba Touré dit « Dany Logan », était l’ailier droit de l’équipe fédérale le « Tangama Football Club » tandis que sa sœur Mabéty, avec sa puissance male, sa rapidité d’antilope et son agilité de fauve, traçait déjà, les premiers sillons de sa gloire future. Avec les Aminatou, Kadiatou Bailo, Aissata Keita, les sœurs Mariama et Maimouna Cissoko, Salématou Fofana, et bien plus tard une certaine Néné Binta Barry, la fille de Eladj Alimou « Secrétaire », et Néné Kadiatou Diallo, l’épouse de l’international en volley, Moussa Camara, entrainées par Amara Bogolo et Habib « Tripoteur », qui étaient aussi les défenseurs centraux de l’équipe fédérale de football, tout comme Nourdine Diallo. La petite Hawa, se mêlait à ce groupe et montrait aussi du talent et du génie qui vont se confirmer d’abord à Dalaba, lorsque l’heure sera venue d’assurer la relève de Mabéty, et à Conakry où elle va poursuivre ses études.
Il n’y a donc pas à s’étonner de la réussite de Hawa Touré sur le double registre de la musique et du sport. Ses débuts, parlent pour elle et attestent que ses performances, ne sont ni volées, ni usurpées ; c’est plutôt l’accomplissement par l’emprunt de l’échelle de l’effort, d’un rêve. Car, elle n’a jamais triché. Elle a plutôt toujours bien mouillé le maillot en dégoulinant de sueur, après avoir soumis son corps porté par un esprit conquérant, à tous les exercices des dures épreuves de la haute compétition.
Hawa Touré avait même une 3ème corde à son arc. Celle du reportage sportif. Les pratiquants du terrain de Bonfi, se souviennent certainement du bon trio qu’elle constituait avec Gassimou Sylla et Facinet Sankhon.
Elle avait des compétences avérées dans le domaine, mais les charges étaient de trop si ce n’est pas les animateurs culturels qui l’ont finalement débauché à notre détriment, alors que nous la tenions du bon bout de l’orteil. Cela faisait pour la « famille Diawara », entendez les reporters sportifs, le 3ème échec après Salématou Cissé et Maciré Camara.
Au-delà des relations humaines normatives et codifiées de la vie en société, Hawa Touré était ma petite-sœur à travers la « la lionne des planchers », ma camarade de classe, Mabéty, et plus fusionnel, du fait que mon père a donné le nom d’un de ses garçons né en 1969 à Dalaba, à Abdoulaye Morlaye Touré, leur père. Ce dernier était un fils de Koba-Bouramaya comme la mère du nouveau-né, Nénan Aissatou Bah de Dixinn-Coproa, que mon père avait épousé suite au décès de ma mère Néné Kadiatou Diallo, le dimanche, 26 Mars 1961 à Koba-Bassengue.
Le Secrétaire Fédéral de Dalaba Monsieur Abdoulaye Morlaye Touré, fut le tuteur moral de notre famille jusqu’à l’affectation de mon père en mai 70 à Gaoual.
Repose en paix, Petite-sœur bien aimée.
Amen !
Conakry, le 05 Novembre 2023
Amadou Diouldé DIALLO,
Journaliste-Historien.