Les autorités maliennes doivent abandonner toutes les poursuites judiciaires engagées contre le journaliste Abdoul Niang et lui permettre de couvrir librement l’actualité, a déclaré jeudi le Comité pour la protection des journalistes.
Le 19 octobre, la police de Bamako, la capitale du Mali, a convoqué Niang, directeur de la station radio privée malienne Émergence FM et chroniqueur en ligne, à la brigade d’investigations judiciaires et l’a arrêté, ont déclaré au CPJ le journaliste et son avocat, Ladji Traoré. Le même jour, un procureur de l’unité de lutte contre la cybercriminalité d’un tribunal local a mis en examen Niang pour propos mensongers de nature à troubler l’ordre public en vertu de la loi sur la presse du pays, un chef d’accusation passible d’une peine pouvant aller jusqu’à six mois de prison et d’une amende pouvant atteindre 150 000 francs CFA (240 dollars). Le procureur a ordonné son placement en détention à la prison centrale de Bamako, où il a été détenu jusqu’au 31 octobre, selon Niang, son avocat, et les médias. Son procès est prévu pour le 16 novembre.
« Les autorités maliennes doivent abandonner toutes les charges retenues contre le journaliste Abdoul Niang et veiller à ce qu’il puisse commenter librement l’actualité politique et judiciaire », a déclaré Angela Quintal, coordonnatrice du programme Afrique du CPJ, à New York. « Les journalistes maliens ne devraient pas avoir à craindre d’être arrêtés pour avoir discuté d’informations basiques d’intérêt public et les autorités maliennes doivent réformer la législation du pays afin de garantir que les journalistes ne puissent pas être arrêtés ou emprisonnés en raison de leur travail. »
Les accusations portées contre Niang sont liées à des propos qu’il a tenus lors d’une interview diffusée le 18 octobre sur la page Facebook d’un média local concernant le classement sans suite d’une autre affaire de diffamation contre lui. Youssouf Daba Diawara, coordinateur de la Coordination des mouvements et sympathisants de Mahmoud Dicko, un groupe d’activistes affilié à un imam local, avait tenté de poursuivre le journaliste en justice pour ses propos sur les liens présumés du groupe avec la Coordination des mouvements de l’Azawad, une alliance rebelle que le gouvernement malien a accusée d’activités terroristes. Niang avait discuté des liens présumés dans une vidéo diffusée sur Niang Media, l’une de ses deux pages Facebook. Le 10 octobre, un procureur local a classé sans suite la plainte pour diffamation, mais l’a mis en examen neuf jours plus tard suite aux propos qu’il a tenus sur le classement sans suite dans une interview.
Contacté par le CPJ, Amadou Coulibaly, procureur de l’unité de lutte contre la cybercriminalité de Bamako, n’a pas souhaité s’exprimer sur le cas de Niang, invoquant un devoir de confidentialité dans le cadre de procédures judiciaires toujours en cours.