Présidentielle au Sénégal : le décompte se poursuit, les résultats attendus dans la semaine

Après le vote pour la présidentielle au Sénégal dimanche, le dépouillement a commencé mais les résultats officiels du scrutin ne devraient pas être connus avant le courant de la semaine. Des chiffres publiés dans les médias et sur les réseaux sociaux placent en tête l’opposant antisystème Bassirou Diomaye Faye. Le camp du pouvoir a assuré, quant à lui, qu’il y aurait un second tour.

Après trois années d’agitation et de crise, les Sénégalais attendent, lundi 25 mars, de connaître l’issue de la présidentielle qui tranchera entre continuité et changement peut-être radical. Le Sénégal demeure dans l’incertitude sur la nécessité d’un second tour, pour lequel aucune date n’est encore fixée.

Des résultats officiels du scrutin qui s’est tenu dimanche ne devraient pas être connus avant le courant de la semaine. La commission électorale nationale a jusqu’à vendredi pour publier des résultats provisoires, avant leur validation par le Conseil constitutionnel.

Les résultats publiés dans les médias et sur les réseaux sociaux placent le candidat Bassirou Diomaye Faye devant celui du pouvoir, Amadou Ba, et très loin devant les autres.

Le camp d’Amadou Ba a fait attendre les journalistes pendant des heures, au milieu de la nuit de dimanche à lundi, avant de leur annoncer laconiquement qu’il s’exprimerait dans la journée de lundi.

Au moins sept des 17 candidats ont félicité Bassirou Diomaye Faye au vu des résultats provisoires publiés par les médias. La certitude de la victoire a déclenché des scènes de liesse parmi ses sympathisants dans la capitale. Mais la direction de campagne du candidat du pouvoir a assuré que ces manifestations étaient prématurées. Elle s’est dite certaine que, « dans le pire des cas », Amadou Ba serait au second tour.

Bassirou Diomaye Faye sorti de prison dix jours avant l’élection

Une victoire de Bassirou Diomaye Faye s’apparenterait à un séisme politique, pas seulement parce qu’à 44 ans depuis ce lundi il deviendrait le plus jeune président du Sénégal.

Bassirou Diomaye Faye, bénéficiant d’une loi d’amnistie, est sorti de onze mois d’emprisonnement dix jours avant l’élection, en même temps que son guide et chef de leur parti dissous Ousmane Sonko.

Bassirou Diomaye Faye se veut le « candidat du changement de système » et d’un « panafricanisme de gauche ». Son programme insiste sur le rétablissement de la « souveraineté » nationale, bradée selon lui à l’étranger. Il a promis de combattre la corruption et de mieux répartir les richesses, et s’est aussi engagé à renégocier les contrats miniers, gaziers et pétroliers conclus avec des compagnies étrangères. Le Sénégal pourrait commencer à produire du gaz et du pétrole en 2024.

Le scrutin est suivi avec attention, le Sénégal étant considéré comme l’un des pays les plus stables d’une Afrique de l’Ouest secouée par les putschs. Dakar maintient des relations fortes avec l’Occident, tandis que la Russie renforce ses positions alentour.

Ce pays de 18 millions d’habitants a connu depuis 2021 différents épisodes de troubles causés par le bras de fer entre Ousmane Sonko et le pouvoir, conjugué aux tensions sociales et au flou longtemps maintenu par le président Macky Sall sur sa candidature à un troisième mandat.

« La rupture » ou la stabilité

Le Sénégal a plongé dans l’une de ses plus graves crises depuis des décennies quand le président Macky Sall a décrété le 3 février un report de la présidentielle prévue trois semaines plus tard.

Les troubles ont fait des dizaines de morts en trois ans et donné lieu à des centaines d’arrestations.

Les deux camps se rejettent mutuellement la faute de ces évènements qui ont altéré la vitrine démocratique sénégalaise. Bassirou Diomaye Faye a promis « la rupture » en votant au côté de ses deux épouses dimanche dans son village de Ndiaganiao.

Amadou Ba, qui était encore il y a quelques semaines le Premier ministre du président Macky Sall, se pose en garant de la stabilité. Il présente Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko comme des « aventuriers » ou des « amateurs ».

Il lui faut assumer, cependant, tous les aspects de l’héritage du président Macky Sall : les grands travaux qui ont transformé le visage du Sénégal, mais aussi une pauvreté persistante, un chômage élevé et les centaines d’arrestations de la période récente.

AFP