La liberté d’expression en péril : Ousmane Gaoual Diallo et la presse, un discours ambivalent

 

 

 

Le mercredi 29 janvier 2025, lors d’un déjeuner de presse qu’il a organisé, Ousmane Gaoual Diallo, ministre des Transports et porte-parole du Gouvernement de la junte, a pris la parole pour aborder la situation des médias en Guinée. Dans un contexte où la liberté d’expression est mise à mal, il semble aujourd’hui reconnaître l’importance cruciale de la presse pour la bonne gouvernance. Cependant, en s’adressant à un parterre de journalistes triés sur le volet, il adopte une posture de donneur de leçon, ce qui soulève des interrogations sur la sincérité de ses propos.

 

« Le gouvernement est pleinement conscient de votre importance. Nous avons besoin de votre éclairage, de vos analyses et de vos questions pour améliorer notre action. Vos critiques, quand elles sont constructives, nous aident à avancer. Je veux donc vous dire : vous avez toute votre place auprès de nos institutions », déclare le ministre. Ces mots, bien que flatteurs, semblent déconnectés de la réalité vécue par les journalistes guinéens, qui ont subi de nombreuses pressions et restrictions.

 

Il poursuit en affirmant : « En contrepartie, nous attendons de chacun un engagement à respecter la loi, la dignité des personnes et l’éthique professionnelle. Notre pays traverse une période décisive. Nous devons relever des défis importants, et nous sommes convaincus que la presse est au cœur de cet élan. Une presse libre et responsable, c’est le socle de toute démocratie. Je le redis clairement : la liberté d’expression est un droit et nous la défendons partout. Mais nous croyons aussi que cette liberté va de pair avec une exigence de responsabilité et de professionnalisme. »

Cependant, cette déclaration soulève une question cruciale : pourquoi cette démarche maintenant, après toutes les brimades du régime autoritaire militaire à l’encontre des médias ? Depuis l’arrivée du CNRD, la presse libre guinéenne traverse une période particulièrement sombre. Les exactions contre les journalistes se sont multipliées : arrestations arbitraires, intimidations, fermetures de médias, et censure. Ces actions ont gravement entravé le travail des journalistes et la liberté d’expression dans le pays, créant un climat de peur et de méfiance.

Pour sortir de cette crise, il est impératif que le gouvernement prenne des mesures concrètes. La réouverture des médias audiovisuels actuellement fermés et la restitution du journaliste Habib Marouane CAMARA à sa famille biologique et professionnelle sont des étapes essentielles pour restaurer la confiance entre les institutions et la presse. Il est crucial de garantir un environnement où la liberté d’expression peut réellement s’épanouir, sans crainte de répression.

Bien que les paroles d’Ousmane Gaoual Diallo puissent sembler encourageantes, elles doivent être accompagnées d’actions tangibles pour que la liberté d’expression en Guinée ne soit pas simplement un slogan, mais une réalité vécue par tous. La presse, en tant que quatrième pouvoir, mérite d’être protégée et soutenue dans sa mission d’informer et de critiquer, car c’est là le fondement d’une démocratie saine et durable.

 

Oumar Kateb Yacine

Analyste-Consultant en Géopolitique

Contact : bahoumaryacine777@gmail.com