Aux États-Unis, les fonctionnaires appelés à la désobéissance face à Elon Musk

.Dans le cadre de sa mission de sabrer les dépenses publiques, Elon Musk a demandé aux fonctionnaires fédéraux de justifier leur activité récente sous peine de perdre leur travail. Mais le Pentagone et des agences du gouvernement américain leur ont conseillé, dimanche, d’ignorer cette requête:

Le siège du FBI, le 20 février 2025, à Washington DC. Le bureau a demandé à ses équipes de ne pas répondre au courriel exigeant aux fonctionnaires fédéraux de justifier leurs activités.

Le siège du FBI, le 20 février 2025, à Washington DC. Le bureau a demandé à ses équipes de ne pas répondre au courriel exigeant aux fonctionnaires fédéraux de justifier leurs activités. © Tasos Katopodis, Getty Images via AFP

Elon Musk fait face à un appel à la désobéissance inattendu. Le Pentagone et d’autres agences du gouvernement américain, dont la police fédérale (FBI), refusent de se plier à l’injonction en forme d’ultimatum du conseiller de Donald Trump. Ils ont demandé, dimanche 23 février, à leurs équipes de ne pas répondre au courriel exigeant des fonctionnaires fédéraux de justifier leurs activités. Cet appel de plusieurs fidèles du président américain – nommés à des postes-clé de son administration – représente un couac majeur.

Sommé par le président américain de se montrer « plus agressif » dans sa mission de sabrer dans les dépenses publiques, l’homme le plus riche de la planète avait averti, la veille, les fonctionnaires fédéraux de répondre à un courriel rendant compte de leur travail récent.

« Le ministère de la Défense est responsable de l’évaluation des performances de son personnel et il conduira tout examen en accord avec ses propres procédures », a écrit Darin Selnick, un responsable du Pentagone, dans un communiqué publié dimanche sur X, réseau social propriété d’Elon Musk.

Darin Selnick demande, « pour l’instant », de « suspendre toute réponse » au courriel envoyé samedi par l’OPM, le bureau chargé de la gestion des fonctionnaires, intitulé : « Qu’avez-vous fait la semaine dernière ».

Selon le New York Times, le FBI, le Département d’État ou encore le renseignement national, ont conseillé à leurs employés de ne pas y répondre.

« Le FBI, par l’intermédiaire du bureau du directeur, est en charge de toutes les procédures d’évaluation », a écrit Kash Patel, le nouveau directeur de la police fédérale, nommé par Donald Trump.

Le personnel fédéral sur un siège éjectable

Dans un courriel reçu samedi par les fonctionnaires fédéraux, l’OPM exigeait une réponse d’ici lundi soir, en décrivant cinq tâches accomplies au cours de la semaine précédente. Il était demandé aux employés de ne pas partager d’informations confidentielles.

Elon Musk, patron de SpaceX et Tesla, avait annoncé un peu plus tôt que « l’absence de réponse » serait considérée comme une « démission ».

Le courriel reçu par les fonctionnaires – et consulté par l’AFP – ne relayait pas cette menace.

Cet appel de plusieurs agences de l’administration Trump à ne pas obéir à l’injonction de son proche conseiller s’inscrit dans un contexte très tendu.

En cinq semaines, le gouvernement du milliardaire républicain a mis en œuvre des mesures, sous l’impulsion d’Elon Musk, visant à licencier des pans entiers du personnel fédéral. Des milliers d’employés de l’administration en période d’essai ont été limogés. Incités à démissionner en échange d’une paie maintenue jusqu’à fin septembre, quelque 75 000 fonctionnaires ont également accepté de quitter leur poste, selon les médias américains.

Visé par le dernier mouvement de dégraissage annoncé vendredi, le Département de la Défense doit réduire d’au moins 5 % ses effectifs à partir de la semaine prochaine.

Des justifications demandées pour éviter les « fraudes »

Face au tollé suscité par son ultimatum aux fonctionnaires, Elon Musk a ensuite précisé sa pensée : « Un email avec quelques points qui tiendraient la route fera l’affaire ! »

L’AFGE, le principal syndicat de fonctionnaires fédéraux, a promis de contester toute fin de contrat « illégale ». « Une nouvelle fois, Elon Musk et l’administration Trump ont montré leur mépris total pour les employés fédéraux et les services essentiels qu’ils rendent au peuple américain », estime dans un communiqué Everett Kelley, président de l’AFGE.

Dimanche, Elon Musk, auquel le président argentin Javier Milei a offert une tronçonneuse cette semaine, symbole de son programme de réduction des dépenses publiques, s’est justifié.

« Un nombre important de gens qui sont supposés travailler pour le gouvernement font si peu qu’ils ne consultent jamais leurs boîtes mail », a-t-il écrit, alors que le courriel a été envoyé durant le week-end.

« Dans certains cas, nous pensons qu’il y a des gens qui n’existent pas ou des identités de personnes décédées sont utilisées pour récupérer les salaires. En d’autres termes, il s’agit d’une fraude pure et simple » », a-t-il affirmé, sans étayer son propos.

 

France 24/AFP